Publié le Jeudi 10 octobre 2024 à 11h00.

Ouvrir les frontières ensemble par humanité, par anticapitalisme, par internationalisme

Mercredi 2 octobre, 7 militantEs ont été placéEs en garde à vue après leur convocation à l’Office de lutte contre le trafic de migrants à Hendaye. Elles et ils font l’objet d’une enquête pour « aide à l’entrée et au séjour irrégulier en bande organisée » à la suite d’une action de désobéissance civile.

 

En mars dernier, lors de la grande course en soutien à la langue basque (Korrika) qui traverse tout le Pays basque et la frontière entre les États français et espagnol, plusieurs dizaines d’organisations se sont associées pour aider 36 migrantEs à franchir la frontière. Parmi ces organisations, le NPA-l’Anticapitaliste, qui a également apporté son soutien par un communiqué le jour même de la garde à vue. Lors de la Korrika, des milliers de personnes traversent sans encombre la frontière, à petites foulées. Pour d’autres, et quel que soit le jour de l’année, ce passage est synonyme de fuite, stress, danger de mort.

Contrôles aux faciès

La frontière, tout à l’ouest du Pays basque, c’est d’abord la Bidassoa, fleuve côtier qui sépare Hendaye et Irun. L’un des principaux points de passage entre les deux États, le plus meurtrier sans doute. Comme toute la frontière, les ponts font l’objet de contrôles renforcés depuis 2015. Un certain Bernard Cazeneuve, dans le cadre de l’état d’urgence, avait rétabli le contrôle aux frontières, qui revient depuis régulièrement (dernière période en cours, du 5 mai au 31 octobre 2024 1). Certains accès ont longtemps été purement et simplement fermés, comme le pont piéton « Avenida », à la demande du gouvernement français. Les ponts sont toujours très surveillés, mais la frontière est plus pernicieuse, plus large, s’étend par exemple jusqu’aux bus pour Bordeaux, arrêtés en pleine nuit pour des contrôles ne devant rien au hasard. Qui a un peu fréquenté les abords des gares d’Hendaye ou Bayonne a pu constater aussi la fréquence des contrôles au faciès, qui n’épargnent ni celles et ceux qui tentent de passer ni celles et ceux qui sont déjà là depuis de longs mois en attente de régularisation. 

Sont aussi refouléEs celles et ceux qui souhaitent demander l’asile en France. C’est illégal, bien sûr, mais on sait ce que pense le ministre de l’Intérieur de l’État de droit… La frontière française est ainsi presque infranchissable quand on est racisé ou sans visa. Son emblème est le centre de rétention administrative d’Hendaye, prison destinée à celles et ceux qui auront commis l’incroyable crime de croire à une vie plus sûre ou meilleure dans un pays riche et puissant. Le capital a besoin de la ­circulation des marchandises, pas de l’humanité.

Les frontières tuent

Les migrantEs se cachent, se déplacent par des non-routes toujours plus compliquées d’accès et dangereuses. EmpêchéEs d’utiliser des ponts qui leur sont fermés et guidéEs par la peur de rencontrer la police omniprésente, des migrantEs tentent de traverser la Bidassoa à la nage ou trouvent des chemins plus périlleux mais moins surveillés. Le résultat ? Neuf morts dans la Bidassoa depuis 2021 et un groupe de migrantEs percutéEs par un TER à Ciboure l’année dernière.

Il est donc question de vie ou de mort. Fuyant le plus souvent la guerre (qui fait rage au Mali, par exemple, avec son cortège d’exécutions de civilEs) et la misère (au Sierra Leone, le PIB par habitantE est de 475 dollars par an), les personnes qui ont risqué leur vie, après avoir quitté pays, famille et amiEs, n’ont pas à être une chance pour les capitalistes français qui ne se privent pas de les exploiter avec ou sans papiers. Elles sont victimes de l’impérialisme et d’un système économique qui les condamne, comme il nous condamne toutes et tous à court ou moyen terme.

Voilà pourquoi le NPA-l’Anticapitaliste est fier de s’être associé à l’action de mars, voilà pourquoi il soutient les sept militantEs placéEs en garde à vue et qui passeront en jugement le 28 novembre, comme il soutient toutes celles et tous ceux qui font preuve d’humanité.

Nous continuerons de nous associer à ce type d’actions, de demander la fermeture des centres de rétention, de revendiquer l’ouverture des frontières. Face à la barbarie du système capitaliste, notre ­internationalisme est notre humanité.

Félix Machin et Ortzi Haüciarts