Le Nouveau Parti anticapitaliste se réunit à partir de demain à Port-Leucate (34). Les enjeux avec Olivier Besancenot
Vous n'avez atteint que 4,8 % des voix aux européennes et pas d'élu. Vous semblez loin des 9 000 adhésions annoncées lors de la création du NPA ?
Olivier Besancenot. Cette vision catastrophique des choses me fait bien marrer. Il y a une campagne contre le NPA : il ne devait pas voir le jour, il devait être mort-né, il ne devait pas réussir à grandir. Aujourd'hui, on raconte qu'on aurait perdu 3 000 militants sur 10 000 et on ne s'en serait pas rendu compte ? C'est complètement erroné, nous avons une campagne de remise de cartes qui va durer jusqu'au mois de décembre, le seul indice que nous ayons, c'est l'affluence dans nos réunions publiques.
L'université d'été de l'année dernière avait accueilli 1 000 personnes, et 1 500 sont inscrites cette année à Port-Leucate, au point que nous avons dû refuser du monde. Il y a une gauche anticapitaliste et cela en dérange quelques-uns.
Votre université d'été est placée sous le signe de la crise, juste au moment où les premiers signes de reprise sont annoncés.
Et même plus que cela : certains commencent à voir le bout du tunnel. Au niveau du gouvernement, on simule l'étonnement alors que tout cela était prévu. On ne peut pas imaginer que des sommes colossales soient investies dans l'économie sans que cela ait une incidence. Cela n'a fait que différer les effets de la crise. Sans traiter le problème, on a transformé la bombe en bombe à retardement. L'État emprunte à ceux qu'il a moins taxés et cela met ceux qui spéculent sur la dette de l'État en position de force. Dans les milieux économiques, pas seulement marxistes, on redoute une nouvelle « bulle » financière.
Comment parler de la crise en l'absence de ceux qui la vivent, comme la CFDT et la CGT qui ont décliné votre invitation ?
Gérard Aschieri de la FSU sera là, comme Annick Coupé de Solidaires. Le responsable CGT de Continental sera là aussi, et il a probablement ses raisons. Il y a une partie de la base de la CGT qui doit se demander pourquoi la confédération participe à l'université du Medef et pas à celle du NPA. Nous ne partons pas en guerre contre la CGT, nous partons en bataille contre la droite et contre le patronat. Nous avons besoin de victoires comme on a pu en connaître contre le CPE.
En 2010, il y aura les élections régionales. Vous avez commencé à négocier un accord avec le Parti de gauche. Où en êtes-vous avec les autres ?
Nous avons rencontré Lutte ouvrière, la fédération des Alternatifs, le PCF et le PG, la réponse n'est pas tout à fait la même selon les interlocuteurs. On rencontre aussi les militants des associations de quartiers. On va créer un groupe de travail pour savoir si on peut trancher la question épineuse des alliances et l'indépendance vis-à-vis de la direction du PS, qui nous tient à coeur. On leur propose la constitution d'un front anticapitaliste, notamment aux élections régionales. L'indépendance signifie notre refus de participer aux exécutifs régionaux.
Ce qui signifie le refus de participer à des fusions de liste avec le PS au second tour ?
Pas automatiquement mais, pour nous, il n'est pas question de participer à des accords de second tour qui signifieraient notre participation à ces exécutifs.
Recueilli par J.-P. Deroudille