Les temps sont durs pour le Nouveau parti anticapitaliste. Après avoir obtenu 1,15 % des voix à la présidentielle et perdu son financement public dans la foulée des législatives, le parti aborde son deuxième congrès, qui se tient du 1er au 3 février à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), fortement affaibli. Et doit faire face à une hémorragie de militants après le départ du courant de la Gauche anticapitaliste qui a rejoint l'été dernier le Front de gauche.
Qu'il semble loin le temps où, en 2007, Olivier Besancenot atteignait les 4 % à la présidentielle et suscitait l'enthousiasme. Ils étaient plus de 9 000 à l'avoir rejoint deux ans plus tard à la création du NPA avec l'idée de créer un parti de masse. Ils ne sont officiellement aujourd'hui plus que 2 500. Soit moins que les effectifs de la Ligue communiste révolutionnaire qui a donné naissance au NPA. "On ne sort pas d'une crise du jour au lendemain", reconnaît Philippe Poutou, ancien candidat à la présidentielle.
Une "opposition de gauche au gouvernement"
Pour M. Besancenot, l'objectif est clair : il s'agit d'un "congrès de reconstruction". Lors d'assemblées préparatoires, les militants avaient à se prononcer sur quatre textes d'orientation. Un "signe de vitalité, de démocratie et non d'émiettement", selon Christine Poupin, porte-parole du parti. Le texte présenté par l'ancienne majorité autour d'Olivier Besancenot et Philippe Poutou l'a finalement emporté mais avec seulement 51 % des voix.
Intitulé "Une orientation pour agir", il propose de construire une "opposition de gauche au gouvernement". La tribune du courant identitaire du parti, elle, se hisse à 32 % des suffrages. Des résultats qui donnent une idée du rapport de force pour le congrès. "Ce score n'est pas surprenant, c'est une photographie de l'organisation, juge M. Poutou. Le gros boulot vient maintenant : le but est de fonctionner avec cette photographie."
"Ouvrir une nouvelle page"
Le NPA cherche donc à "ouvrir une nouvelle page" de son histoire. Et non de faire le bilan du départ de ceux de la Gauche anticapitaliste. "Ce débat là a été tranché", assure Mme Poupin. Pas question donc de rejoindre le Front de gauche. Si les deux mouvements peuvent se retrouver sur des mobilisations unitaires, le NPA entend bien continuer à construire un parti indépendant."On compte plus sur le mouvement social que sur les élections de l'année prochaine pour créer le rapport de force", explique M. Poutou.
"Le contexte politique nous aide, ajoute M. Besancenot. On est utiles pour développer les résistances." PSA, Renault, Goodyear : l'ancien candidat à la présidentielle veut croire que "la mayonnaise commence à prendre". Son analyse de la politique de François Hollande n'est pas tendre. "A quelques aménagements près, globalement, les mêmes orientations sont mises en place que dans le gouvernement précédent", juge-t-il.
Reste que du côté de ceux qui sont partis, c'est avec tristesse que l'on regarde "le NPA continuer à s'enfoncer dans l'isolement". Pour Pierre-François Grond, ancien bras droit de M. Besancenot aujourd'hui au Front de gauche, "les organisations qui cultivent leur jardin et qui doivent fabriquer un discours pour justifier de ne pas rejoindre un front, c'est simple : elles rétrécissent". Pour lui, le constat est sans appel : son courant a fait le bon choix. "Ce congrès, c'est la confirmation de l'échec du projet fondateur du NPA", juge-t-il.
Raphaëlle Besse Desmoulières (1/02/2013)