Publié le Jeudi 16 mars 2023 à 19h53.

Construire la grève et gagner le combat politique contre Macron - CPN des 12 et 13 mars 2024

Nous publions la résolution politique adoptée1 par le CPN des 12 et 13 mars concernant la situation sociale en France et les orientations du NPA pour construire le mouvement. [écrite avant l’utilisation du 49.3]

 

Le mouvement dans lequel nous intervenons est un mouvement historique, de par l’ampleur des manifestations, leur profondeur dans les villes, sa durée, l’unité des organisations du mouvement ouvrier qui le caractérisent, la profondeur également du ras-le-bol qui existe dans de larges couches de la population contre le gouvernement. Sous les coups de la classe dominante, le prolétariat tend à se constituer en classe : à partir de son hétérogénéité, de la faiblesse de ses organisations, on voit se reconstruire ses syndicats, qui recrutent, des discussions à tous les niveaux sur comment faire face à cette réforme.

La victoire ou la défaite de ce mouvement laisseront des traces profondes. Pour nous, l’enjeu est de contribuer à ce qu’il participe qualitativement à la reconstruction de la conscience de classe et à un affrontement entre les classes concernant la question du pouvoir.

Les résonances politiques du mouvement

Pendant les vacances scolaires parisiennes, la bataille sur la réforme des retraites a été en partie polarisée par le débat parlementaire. Le principal mérite de cette séquence a été de démontrer, justement, que rien ne pouvait sortir de celui-ci. La polémique sur les 1 200 euros a montré l’ampleur des mensonges du gouvernement. La bataille d’amendements a montré le caractère opaque et antidémocratique du débat. La possibilité de l’utilisation de l’article 49-3, puis du 47-1, et encore au Sénat d’un vote bloqué via l’article 44.3 ont montré l’autoritarisme du gouvernement. Tout cela a donné une image pitoyable de la démocratie bourgeoise, a renforcé l’illégitimité du pouvoir de Macron.

Pourtant, celui-ci veut absolument aller jusqu’au bout de cette réforme et à l’affrontement avec le mouvement ouvrier. Cela ne peut se comprendre que dans un contexte plus large : l’enjeu de cette réforme n’est pas les 64 ans ou les 44 annuités, mais le fait que le gouvernement veut décupler ses marges de manœuvre en infligeant une défaite au mouvement ouvrier et à ses organisations, dans le contexte d’un monde en crise profonde, que ce soit dans le cadre de la concurrence internationale, de la guerre en Ukraine. Un autre marqueur du renforcement de l’État autoritaire est, avec l’augmentation du budget militaire, les lois liberticides qui se multiplient et la montée de l’extrême droite.

C’est en cela qu’il joue son existence. Il dit mettre en balance la possibilité d’une dissolution de l’Assemblée, car une défaite signifierait pour lui l’impossibilité de continuer sa politique. Nous n’avons pas peur d’une défaite du pouvoir, d’une dissolution, nous pensons au contraire que cela concrétiserait une victoire du prolétariat, et devrait ouvrir une phase de contre-offensive.

Bilan de la séquence 7-8-9 mars

Malgré et/ou grâce aux deux semaines de trou entre la mobilisation du 16 février et la suite, la journée du 7 mars a été encore un peu au-dessus des journées précédentes en termes de nombre de manifestantEs (3,5 millions annoncés par la CGT contre 2,5 le 31 janvier). Elle prend appui sur les grèves reconductibles qui ont démarré dès le week-end précédent notamment dans l’énergie, sur les annonces de secteurs symboliques comme les transports, de Solidaires ou de fédérations de la CGT. À cela se sont ajoutés des appels plus sectoriels à reconduire ou à poursuivre la mobilisation comme l’appel intersyndical dans l’éducation.

La journée du 8 mars, journée de grève féministe à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, a été à la fois un point d’appui et une difficulté. Un point d’appui car elle était présente dans le paysage, une difficulté parce qu’elle n’était pas forcément insérée partout comme date de mobilisation sur les retraites. La journée a été significativement plus massive que les précédentes mais l’articulation avec le reste du mouvement social a été variable selon les liens existant localement entre le mouvement féministe et les organisations syndicales entre autres. Là où un travail de fond existe depuis longtemps, souvent poussé par notre courant, la convergence a été plus forte. Avec les autres acteurs politiques et syndicaux, nous devons œuvrer à une articulation entre les revendications féministes et la mobilisation contre la réforme des retraites. Aggravant encore plus les inégalités salariales entre les hommes et les femmes, la réforme assume un caractère sexiste. La vitalité des mouvements féministes pourrait donc constituer un point d’appui supplémentaire pour durcir et prolonger la mobilisation.

Face à l’impossibilité de pouvoir compter sur des secteurs moteurs pour le blocage de l’économie, il est indispensable de travailler dans le sens d’un élargissement progressif des secteurs en grève reconductible. À la SNCF, la mobilisation a été forte les 7 et 8 mais la reconduction peine à s’ancrer, même si les taux de grévistes restent encore significatifs pour le week-end. Comme dans d’autres secteurs, le niveau d’auto-organisation est encore faible et la dynamique des assemblées a du mal à entraîner au-delà du noyau de militantEs syndiquéEs et actifs/ves. Dans l’énergie, elle semble plutôt en phase ascendante avec des conséquences qui commencent à être visibles. Dans les raffineries, la pression est aussi maintenue a priori jusqu’au 15 mars. Transports en commun, aérien sont également mobilisés au-delà de la journée du 7 mars. Dans l’éducation, la reconduction est le fait d’équipes militantes minoritaires mais qui l’utilisent pour se donner les moyens de l’étendre et de s’organiser. Des actions de blocage, des barrages filtrants, des distributions… ont eu lieu un peu partout. La journée du 9 mars a été marquée par des manifestations beaucoup plus petites. La mobilisation dans la jeunesse reste encore faible et le soutien de l’intersyndicale était insuffisant pour assurer une participation significative même des militantEs syndicalistes.

Les manifestations du samedi 11 mars ont été bien moins massives mais restent malgré tout importantes, témoignant de l’ancrage du mouvement. Le pouvoir ne manquera pas de mettre en avant la décrue du nombre de manifestantEs. Nous devons contrecarrer les éléments de découragement en mettant en avant la poursuite des actions de grève ou de blocage : SNCF, RATP, barrages hydroélectriques, raffineries, éboueurs… barrages filtrants, piquets de grève, distributions aux ronds-points… autant de points d’appui qui restent nombreux et que nous devons participer à relayer et à visibiliser via nos réseaux sociaux et notre presse notamment.

Construire la grève et le blocage du pays

Après la séquence des 7-8-9 mars, la question est de prendre appui sur les secteurs ou des morceaux de secteurs pour populariser la grève reconductible et active, la rendre plausible. Ni les journées saute-mouton, même très massives, ni un ralentissement de l’économie nationale ne seront suffisantEs pour faire plier le gouvernement. En effet, la bourgeoisie peut encaisser un impact qui resterait limité. Il s’agit de passer un cap pour que le pouvoir sente qu’il a plus à perdre à l’enracinement du conflit qu’au retrait de sa réforme. C’est-à-dire qu’il faut que la perspective d’occupations, de contrôle de la circulation, de blocage de la circulation du capital, de ralentissements significatifs de secteurs productifs, devienne tangible. C’est la mise en pratique par la grève de la contestation du pouvoir du patronat et de la bourgeoisie à maîtriser, décider de la production et de nos vies. C’est une première étape nécessaire à l’émancipation politique du prolétariat, la grève permet de sortir de l’aliénation pour se poser le problème d’un fonctionnement de société alternatif. Sans nous leurrer sur les reculs de notre classe en termes de conscience et de structuration, c’est malgré tout la première fois depuis 1968 que cette perspective semble envisageable même si très incertaine. Nous devons en tout cas y être prêtEs dans la mesure où l’illégitimité du pouvoir, la crise politique latente, peuvent permettre des accélérations significatives.

La proposition d’une date le samedi est un élément positif dans l’affrontement au pouvoir. D’autant plus si elle prépare une nouvelle séquence de grève de plusieurs jours la semaine suivante.

La date du 15 mars imposée par l’intersyndicale (le jour de la commission paritaire) est de ce point de vue insuffisante et en retrait par rapport à la première proposition de 14-16-18 qui semblait émerger. Elle doit cependant servir de point d’appui pour faire converger les secteurs les plus en avance et ceux qui peinent à rentrer dans le dur du mouvement. Les journées intermédiaires entre deux dates nationales doivent être utilisées comme des temps de construction de la grève, en particulier par des équipes minoritaires en grève. Elles doivent permettre de prendre des initiatives locales, d’organiser des tournées en partant des endroits mobilisés, d’organiser concrètement le blocage de l’économie.

Développer une plateforme unitaire de revendications

Afin d’ancrer la mobilisation, il est essentiel de faire le lien avec les préoccupations quotidiennes des travailleurEs, de la population. En particulier, la question des salaires et des revenus est centrale au vu de l’inflation. Nous avançons la nécessité d’une augmentation générale de 400 € comme nous l’avons défendu pendant la campagne présidentielle. D’autre part, la sauvegarde et le développement des services publics doivent aussi être mis en avant parce qu’ils sont essentiels au quotidien et parce qu’ils sont la concrétisation d’une part socialisée du salaire : la santé de toute urgence, mais aussi l’école, la prise en charge des personnes dépendantes, les transports, l’eau, l’énergie…

La continuité du salaire, en toutes circonstances (chômage, maladie, retraites…) doit être mise en avant, comme réponse à l’attaque globalisée que constituent les réformes de l’assurance chômage et des retraites.

Sur les retraites, le mot d’ordre de la retraite à 60 ans est largement repris. Nous devons le lier à la question de la durée de cotisation et le retour aux 37,5 annuités comme standard, tout en appuyant avant tout la revendication unitaire du retrait de la loi dont l’obtention ouvrirait la voie à l’ancrage des autres revendications.

Ces revendications doivent permettre de faire concrètement le lien avec les mobilisations existantes : salaires, licenciements, services publics… Elles font également le lien avec les catégories les plus précaires de la population qui se sont notamment retrouvées dans la mobilisation des Gilets jaunes en 2019.

Nous faisons aussi le lien avec d’autres luttes importantes dans la période : la question du logement avec la proposition de loi facilitant les expulsions pour des loyers impayés, ou la loi Darmanin contre les immigréEs, celle de la nécessaire réduction du temps de travail – au toujours plus d’exploitation des êtres humains et des ressources naturelles, nous opposons le « travailler moins, travailler mieux et travailler touTEs ». L’intégration de ces différentes revendications et préoccupations par les masses est une mesure de la possibilité de transformation d’un mouvement social en mouvement politique contre le pouvoir.

Mobilisation de la jeunesse : état des lieux et perspectives

L’entrée massive de la jeunesse dans la mobilisation pourrait constituer un élément décisif. Jusque-là, la jeunesse a montré son engagement dans la contestation et une capacité à lier le refus de la contre-réforme avec d’autres revendications (contre la précarité, la dégradation des conditions d’étude, la sélection, pour l’accès au logement et le partage du travail…) portant une contestation plus globale de la logique productiviste exacerbée par la réforme et en germe un nouveau projet de société écologiste. Si sa participation est encore restreinte aux milieux les plus politisés, les actions diverses menées ces dernières semaines – y compris les occupations, qui entraînent une répression très forte – et la multiplication des appels à la mobilisation des organisations de jeunesse, donnent un signal positif.

Il faudra multiplier les espaces de discussion et de rencontre, encourager la construction à la base d’un mouvement de masse. Il faut éviter l’écueil des blocages minorisants, entraînant des fermetures administratives qui coupent de la masse des étudiantEs et pousser les actions d’occupation et d’auto-organisation dans les lycées comme dans les facs lorsque la mobilisation atteint un niveau suffisant. Des convergences entre les actions des étudiantEs et des personnels peuvent aussi être tentées là où cela devient possible (ouverture des caisses de grève aux étudiantEs salariéEs, actions symboliques, blocages, barrages filtrants, assemblées communes…). La jeunesse étudiante a besoin de réussir ses actions pour prendre confiance. Quelle que soit la forme de la mobilisation, l’objectif est d’entraîner une majorité d’étudiantEs et lycéenNEs, de faire en sorte qu’ils et elles s’emparent du mouvement et y portent des revendications spécifiques. La jeunesse constitue aussi un élément clé dans l’aggravation de la crise politique et dans le processus de délégitimation de la macronie.

Construire la mobilisation à partir de la base

Le mouvement peut être construit sur tous les fronts, quelle que soit notre situation. Cela passe en premier lieu par les lieux de travail. Et l’on sait que certains jouent un rôle très important et que les mouvements y exercent une pression très forte sur la classe dominante parce qu’ils sont capables de bloquer la production ou la circulation du capital et donc d’empêcher la réalisation de la valeur : industrie, transports, énergie… Mais la grève sur tous les lieux de travail produit une pression politique, contribue à bloquer l’économie, contribue à l’unité du prolétariat. Et, au-delà, l’implication de toutes les couches sociales dans le mouvement contribue également à cette unité, que ce soient les retraitéEs, les libraires, dans des comités ad hoc, des interpros, des assemblées populaires à l’échelle du quartier ou de la ville…

Après le 7 mars, la grève reconductible est minoritaire mais elle reste forte dans une série de secteurs : dans l’éducation, les transports, l’énergie, le nettoiement dans certaines villes, etc. On doit entrer dans une sorte de « grève marchante » où les grévistes se fixent comme objectif d’élargir le mouvement, de mobiliser les secteurs qui ne le sont pas encore. Il faut dans certains cas combattre les actions minorisantes ou qui ne se posent comme objectif que de faire militer les personnes déjà convaincues.

Il y a un recul considérable de la conviction des méthodes de la grève et de l’auto-organisation. Elles ne se posent donc plus par principe mais par rapport à des nécessités pratiques. On construit la grève parce qu’elle a une utilité pratique pour réaliser des actions : manifestation de masse, blocage de ronds-points ou de périphériques, de gares, de ports, de centres industriels, en coordination avec les structures syndicales concernées, ou réaliser des tournées pour mobiliser.

On construit également les structures d’auto-organisation non pas comme un hochet ou par principe démocratique, mais comme des outils utiles concrètement à la construction de la mobilisation : savoir quand on fait grève, organiser un cortège, des collages d’affiches, des diffusions de tracts. Pour nous, il est essentiel d’articuler l’auto-organisation et le maintien de l’unité : on tente d’éviter les affrontements entre les appareils syndicaux et les structures d’auto-organisation, on argumente pour des cortèges intersyndicaux par secteur ou entreprise, pour des AG et de liens interprofessionnels. Une grève active nécessite d’associer les travailleurs/ses à la mise en place des actions, pas simplement les militantEs.

Articuler grève et combat politique contre Macron

Le mouvement n’est pas encore véritablement un mouvement politique, dans le sens où il ne pose pas subjectivement la question du pouvoir. Mais déjà, objectivement, il est l’incarnation d’un affrontement de classe entre une bourgeoisie qui se range, de gré ou de force, derrière Macron, et une classe ouvrière qui tend à se reconstituer en classe pour soi, dans la dynamique de la lutte et en s’appuyant sur un front unique complet, de la CFDT et du PS aux organisations d’extrême gauche.

Cet affrontement devrait se renforcer car le pouvoir veut obtenir une victoire, tandis que les organisations du mouvement ouvrier ne peuvent pas se permettre une défaite, et que le compromis semble impossible. En se renforçant, il devrait poser de plus en plus d’un côté la question de la légitimité d’un pouvoir, minoritaire, qui ne veut pas accepter d’entendre la majorité de la population, et d’un autre côté le problème de la stratégie du mouvement pour gagner.

Pour l’instant, le prolétariat est révolté par la réforme, par ses conditions d’existence plus générales, mais reste fortement suiviste par rapport aux consignes syndicales. La stratégie mise en place par l’intersyndicale est le reflet du niveau de conscience des masses sans vraiment chercher à tirer vers le haut, à faire converger les rythmes en prenant appui sur les secteurs les plus mobilisés. C’est pourquoi nous essayons d’agir sur cette stratégie, y compris en la discutant, ou en proposant des accélérations du calendrier ou des dates pour construire la mobilisation quand cela nous semble pertinent, par le biais de nos porte-paroles notamment.

En outre, l’actuelle délégation des prises de décision par les salariéEs à l’intersyndicale, aux dirigeantEs syndicaux des unions départementales ou des fédérations est en contradiction avec l’auto-organisation, la démocratie dans les luttes. Pour pousser et déborder les appareils syndicaux, il faut construire les cadres d’auto-organisation, par des actions pratiques.

Depuis samedi 11, les organisations syndicales portent de manière unitaire la demande (faite à Macron) d’une consultation citoyenne sur la réforme des retraites. Cela rejoint aussi la proposition de Jean-Luc Mélenchon faite mardi 7 de l’organisation d’un référendum comme issue possible pour le pouvoir macroniste. C’est l’expression des contradictions du moment où nous sommes, avec les difficultés à bloquer vraiment le pays. Le refus probable du gouvernement d’accéder à de telles demandes serait un symbole fort du déni de démocratie qui pourrait faire monter d’un cran la colère populaire, ce qui contribuerait aussi à solidariser l’intersyndicale face au vote de la loi à l’Assemblée nationale. Mais dans la séquence actuelle, qui reste celle de la construction de la grève, cette bataille sur le terrain institutionnel peut aussi détourner une partie des forces militantes de cet objectif. Nous appuyons sur l’illégitimité d’un pouvoir qui ne consulte pas la population, et nous réaffirmons que c’est par la mobilisation, le rapport de force par la grève et les manifestations, que l’on peut gagner.

Le débat sur la stratégie pour gagner devrait mener, même si ça peut être lent, au renforcement des grèves et des structures d’auto-organisation, tandis que l’illégitimité du pouvoir se renforcera.

De notre côté, nous voulons renforcer la confiance politique du prolétariat pour constituer une alternative au pouvoir bourgeois. La formule classique est celle du « gouvernement ouvrier », modernisée en « gouvernement des travailleurEs », qui indique que nous voulons un pouvoir qui s’affronte avec la classe dominante, pour mettre en œuvre les revendications des classes populaires, tout en laissant une ambiguïté liée à sa nature transitoire2, sur qui compose ce gouvernement : est-ce que ce sont les organisations du mouvement ouvrier ou ses structures d’auto-organisation ? En tout état de cause, ce débat se fait par étape, en fonction des évolutions du mouvement et de la conscience, mais nous mettons en avant l’illégitimité du gouvernement, la revendication qu’il doit partir pour être remplacé par un gouvernement des travailleuses et des travailleurs.

Nous combattons de ce fait la séparation, voulue par les organisations réformistes (politiques ou syndicales), entre le social et le politique. Toutes les organisations, toutes les structures sont légitimes pour se poser la question du pouvoir. Nous proposons donc de poursuivre les meetings unitaires, regroupant les partis (en s’appuyant sur la NUPES dans beaucoup de cas), les syndicats, les associations, les collectifs féministes, LGBTI, ou écologistes, etc. Et notamment un meeting national unitaire contre Macron. De même que nous sommes favorables à une manifestation nationale à Paris, qui poserait la question du pouvoir. Nous sommes favorables à l’unité la plus complète, tout en défendant nos propres perspectives et notre propre programme, que ce soit en dénonçant la loi Touraine ou en posant la question du pouvoir et de l’alternative globale nécessaire face au capitalisme.

Construction du NPA

Le mouvement est aussi une occasion de (re)construire le NPA. Pas comme des parasites, mais comme un outil pour construire le mouvement en y défendant une orientation particulière. Nous devons profiter de notre écho dans le mouvement social et auprès des secteurs mobilisés pour prendre des initiatives, localement ou nationalement, et mettre en discussion nos perspectives, notre projet révolutionnaire, pour avancer dans la reconstruction de notre organisation.

La réunion de salariéEs du public et du privé des 1er et 2 avril est un outil important pour rassembler nos militantEs et sympathisantEs sur les lieux de travail, entamer une reconstruction. […] Notre presse est aussi un outil pour montrer notre utilité pour construire le mouvement, relayer des informations sur le mouvement […]. Nous popularisons nos orientations dans la lutte, en mettant en avant des informations et des analyses sur les méthodes de construction de la lutte, l’auto-organisation, la façon de poser des points politiques supplémentaires, etc.

Nous participons aussi à l’organisation de réunions publiques politiques, unitaires ou propres, dans le maximum de villes. L’objectif est de faire prendre conscience des débats politiques – c’est-à-dire posant la question du pouvoir – qui se jouent autour de ce mouvement, que les masses s’en emparent. La meilleure façon, dans un contexte de mouvement, de préserver l’unité de ce dernier est de pouvoir comparer les différentes orientations, les confronter de façon fraternelle. La NUPES est souvent un point d’appui pour les réunions unitaires, qui rassemblent du monde. […]

Nous testons la possibilité d’organiser au printemps une échéance publique type « forum pour l’anticapitalisme ». Une telle initiative (dont le format est à ajuster en fonction des possibilités), s’adresse aux individus inorganisés ou en rupture avec d’autres organisations, aux courants et organisations se réclamant de la rupture révolutionnaire avec le capitalisme. À partir notamment des questions politiques posées par la lutte actuelle sur les retraites, l’enjeu est de renforcer des interventions communes à différents courants, voire de mesurer des possibilités de sauts organisationnels. […]

  • 1. Le document voté, disponible sur le site internet du NPA, a subi quelques ajustements de forme à la marge pour cette publication.
  • 2. Lire à ce sujet François Sabado, « Démarche transitoire, Front unique, gouvernement ouvrier », http://www.europe-solida…