Publié le Mercredi 9 octobre 2024 à 10h11.

Le Liban après le 7 octobre 2023

À la suite du déclenchement de la guerre génocidaire de l’État d’Israël contre la bande de Gaza après le 7 octobre 2023, le Hezbollah annonce sa stratégie dite de « l’unité des fronts » qui a pour objectif de lier le front libanais à celui de Gaza. Le but du parti initialement est de montrer sa solidarité avec ses alliés politiques palestiniens, d’être crédible quand il mobilise la rhétorique de la résistance, tout en cherchant à protéger ses intérêts et alliances liés également à l’Iran dans la région…

Opérations militaires du Hezbollah calculées

Les premières cibles du mouvement libanais sont les fermes de Chebaa en territoire libanais occupés, et non directement les territoires israéliens. Par la suite, ils ont mené des attaques sur des sites militaires israéliens. Les opérations militaires du Hezbollah restent néanmoins dans une perspective calculée et relativement modérée comparée à la violence des attaques israéliennes, avec l’objectif d’éviter une guerre totale avec Israël. 

Cependant le parti ne se doutait certainement pas que la guerre génocidaire contre Gaza durerait autant et qu’Israël allait monter à un tel niveau d’intensité dans ses attaques contre le Liban, avec le soutien total des États-Unis et principales puissances européennes, comme la France. 

La politique de l’unité des fronts rejetée par la population libanaise

À la mi-septembre 2024, la violence meurtrière de l’occupation de l’armée israélienne s’accélère avec l’escalade militaire et des opérations terroristes menant à l’assassinat d’environ 570 personnes, en grande majorité des civilEs dont 50 enfants, et des milliers de blesséEs. Cela se poursuit par des campagnes de bombardements massifs visant à assassiner les hautes personnalités militaires et politiques du Hezbollah, mais tuant également environ deux milliers de civilEs et provoquant le déplacement forcé de plus d’un million de personnes.

L’unité des fronts devient donc de plus en plus difficile à défendre politiquement au sein de la population libanaise. Le coût pour le Liban est de plus en plus lourd, et le Hezbollah ne veut pas que ce conflit soit instrumentalisé par ses ennemis politiques intérieurs qui en feraient le principal ­responsable de tous les malheurs du pays. 

Le Hezbollah se trouve dans la situation la plus dangereuse depuis sa création, et c’est loin d’être près de s’arrêter, car Israël continue sa guerre contre le Liban, qui comprend également le ciblage des infrastructures et des capacités du parti. Sur la scène nationale, son isolement politique et social au sein de la population libanaise va très probablement se renforcer.

Construire un autre projet de société

Malgré la guerre israélienne et la crise socio-économique du pays, des formes de solidarité avec les déplacéEs sont mises en place à travers le pays, même si des tensions politiques continuent à exister. Il n’y a pas d’alternative politique progressiste organisée actuellement dans le pays ayant des capacités d’action significatives, malgré des tentatives sans succès ces dernières années de construire un tel projet, particulièrement à la suite du soulèvement populaire de 2019. La nécessité de construire un véritable projet contre-hégémonique, ancré dans les classes populaires du pays et en coalition avec les forces sociales indépendantes comme les syndicats, les organisations féministes et antiracistes, reste une nécessité pour l’avenir des classes populaires dans le pays, mais tout d’abord il faut arrêter la machine de guerre israélienne.