Publié le Jeudi 10 octobre 2024 à 11h37.

Justice et vérité pour Nordine et Merryl !

Le jeudi 3 octobre 2024 s’est déroulée une audience historique au tribunal de Bobigny pourtant passée inaperçue dans le milieu militant (malgré la présence deux députés LFI, de militants antiracistes et de collectifs de lutte contre les violences policières).

Il s’agit du procès intenté par Nordine envers les policiers de la BAC de Stains qui ont tiré à huit reprises sur lui et sa femme, Merryl qui était enceinte. C’était le 16 août 2021, une bande de policiers de la BAC de Stains cherche à procéder à un contrôle sans l’ombre d’un insigne pour signifier qu’il s’agit bien d’agents de police. Nordine, dans la panique redémarre. Un des policiers essaye d’entrer dans la voiture. Ils seront par la suite deux à tirer, touchant Nordine qui était au volant, sept fois et Merryl qui se trouvait à l’arrière, une fois. Il faudra donc pour Nordine et Merryl dépasser le traumatisme d’une agression policière et le traumatisme de la perte de leur enfant à venir.

Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans cette audience. La justice a commencé par statuer en 2022 sur le refus d’obtempérer imputé à Nordine, conformément à la loi du 28 février 2017 votée sous Hollande. Elle a déclaré Nordine coupable, bien que l’article L435-1 précise que, pour faire usage de leurs armes dans ce cadre, les policiers doivent être « dans l'exercice de leurs fonctions et revêtus de leur uniforme ou des insignes extérieurs et apparents de leur qualité ». Cette loi, même cadrée ainsi, avait déjà déchaîné l’usage des armes à feu par les agents de police et, par conséquent, augmenté le nombre de personnes tuées pour refus d’obtempérer. Nous pensons bien évidemment à Nahel, mais aussi à Alhoussein, Rayana et tant d’autres.

Nordine et Merry ont survécu aux tirs policiers. C’est cela qui rend l’audience historique. Parce que Nordine était encore là pour les traîner devant la justice. Et ne nous trompons pas sur l’enjeu de la décision à venir. Le tribunal doit statuer sur la proportionnalité de l’usage de la force. Or ce procès a une portée politique qui dépasse les parties. Nous le savons la BAC et plus particulièrement celle du 93 est l’héritière de la gestion coloniale des populations non blanches. Si la justice venait à acquitter deux policiers qui tirent hors du cadre prévu par une loi déjà permissive, cela marquerait un cran supplémentaire dans l’impunité policière et la gestion des vies non blanches face aux armes à feu.

Le délibéré aura lieu le 7 novembre. Maintenons notre soutien à Nordine ainsi qu’à toutes les victimes des violences policières. Continuons de lutter pour obtenir le désarmement d’une police de plus en plus meurtrière.

Montreuil, le 10 octobre 2024