Mardi 19 juillet, Adama Traoré est mort suite à une interpellation par la gendarmerie, le jour même de son anniversaire.
Il avait 24 ans et s’était interposé lorsque les gendarmes étaient venus chercher son frère. Le procureur parle d’ores et déjà d’un « malaise cardiaque », alors même que ses proches rappellent qu’il était sportif et en pleine santé. D’après ces derniers, Adama a été tabassé par les gendarmes. Lorsque l’on sait ce que donnent généralement les enquêtes portant sur les violences policières, on a toutes les raisons de mettre en doute la version officielle. L’institution fait toujours front pour récuser et délégitimer la parole des familles et des victimes.
Une nouvelle fois en France, un homme noir est donc mort aux mains des forces de l’ordre. La colère et la révolte sont pleinement légitimes, car depuis plusieurs décennies ce sont des centaines de personnes qui sont mortes dans ce type de circonstances, comme le rappelle régulièrement le collectif « Urgence notre police assassine ». Jeunes ou moins jeunes, presque toujours noirs ou arabes, habitants de quartiers populaires, ils ont été tués dans l’indifférence générale et les responsables de leur mort n’ont que très rarement été condamnés.
Enquêtes bâclées, pressions politiques, indifférence médiatique, non-lieux, prison avec sursis, etc. : tout est bon pour protéger les forces de l’ordre. Comment s’étonner de l’état des relations entre ces dernières et les habitants des quartiers populaires quand on connaît le harcèlement policier quotidien et l’ampleur des violences policières impunies ? On se souvient encore du non-lieu dont ont bénéficié les policiers impliqués dans la mort de Zyed et Bouna, mais qui connaît les noms et les visages de tous ceux qui sont morts pour rien dans des circonstances similaires ?
Le NPA tient à affirmer sa solidarité pleine et entière avec la famille et les proches d’Adama Traoré. Nous réclamons que toute la lumière soit faite sur les actes qui ont conduit à sa mort, en particulier sur la responsabilité des gendarmes. Mais pour que justice soit faite, pour briser le quadrillage répressif des quartiers populaires et pour faire cesser le racisme policier qui y sévit, il est nécessaire de construire une large mobilisation qui bouscule l’agenda politique et les institutions, en affirmant haut et fort qu’en France comme aux États-Unis, les vies noires et arabes doivent compter.
Montreuil, le 24 juillet 2016