Depuis le 22 septembre, le mouvement populaire équatorien, mené par la CONAIE (Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur) et plusieurs organisations syndicales de travailleurs.euses, est confronté à une répression brutale alors qu'il mène une grève nationale pour s'opposer au gouvernement autoritaire, de droite, du président Daniel Noboa et à ses politiques économiques inspirées par le FMI.
Des troupes et des forces de police ont été déployées en nombre sans précédent pour attaquer violemment les manifestant.es qui ont bloqué de nombreuses routes et autoroutes, en particulier dans le nord du pays. Au moins un manifestant autochtone, Efraín Fuerez, a été abattu et on compte désormais de nombreux blessé.es graves. Les militaires tirent à balles réelles et lancent des grenades lacrymogènes à l’intérieur même des maisons. Des dizaines de personnes ont été arrêtées et jetées, sans jugement, dans une prison de haute sécurité où des gangs de trafiquants de drogue ont récemment perpétré un massacre sanglant. L'ancien président de la CONAIE, Leonidas Iza, est accusé « d’enlèvement » et « d'incitation à la violence ». Selon certaines informations, son avocat aurait été la cible d'une tentative d'assassinat. Plus de cinquante dirigeants des mouvements autochtones et environnementaux ont vu leurs comptes bancaires personnels gelés. La liberté de la presse est également attaquée et le gouvernement justifie la répression en assimilant les opposant·es à des « terroristes » complices des groupes criminels et du narcotrafic.
Le mouvement autochtone, mais aussi les organisations syndicales et populaires d’Équateur, ont à nouveau démontré leur force, leur organisation et leur détermination. La grève générale a été déclenchée après que le gouvernement a eu annoncé une forte hausse du prix du diesel, ce qui signifie une augmentation immédiate du coût de tous les produits de première nécessité, dans un pays qui a connu une grave augmentation de la pauvreté au cours des dernières années. Mais les manifestations sont également dirigées contre la volonté de Noboa d'étendre l'extraction minière et pétrolière dans la région amazonienne et d'autres zones écologiquement sensibles, dont beaucoup se trouvent sur des terres autochtones. Les autres revendications de la grève comprennent la protection des droits du travail, que le gouvernement cherche à réduire drastiquement, l'opposition à la privatisation du système de sécurité sociale, la réduction de la TVA et la situation des services publics de santé et d’éducation laissés à l’abandon.
Les grévistes s'opposent également aux tentatives de Noboa de convoquer une Assemblée constituante dans le but de réécrire la constitution progressiste de 2008, avec comme objectif de rogner bon nombre des droits des autochtones et des travailleurs qui y sont inscrits, ainsi que les droits de la nature (la première Constitution au monde à les reconnaître).
Nous exprimons notre entière solidarité avec la grève et la lutte des peuples d’Équateur contre l’autocrate Noboa et sa clique au pouvoir. Nous exigeons la fin immédiate de la répression en cours, ainsi que de toutes les actions en justice ou mesures administratives utilisées pour harceler ses dirigeants.
Solidarité avec la grève générale en Équateur !
Respect des droits des travailleurs.euses, des communautés autochtones et de la nature !
Fin de la répression et de la militarisation du pays !
Montreuil, le 19/10/2025