L’usine de la SAM a été mise en liquidation judiciaire en novembre 2021. 333 licenciements ont été prononcés et 283 salariés ont intenté une action aux Prud'hommes visant l’ancien propriétaire et Renault pour licenciement abusif. Pendant ce temps, un repreneur MH Industries, du nom de son PDG ( Matthieu Hède), affichait ses intentions de développer des activités et de reprendre une petite partie des salariés. Il avait bénéficié, pour des études avant reprise, de subventions publiques à hauteur de 1,2 million d’euros pour la région Occitanie et de 200 000 euros par l’État. C’est terminé pour MH Industries qui a annonce lundi 18 juillet l’abandon du projet. Le syndicat CGT de l’usine exprime « révolte et consternation ».
L’espoir créé par ce repreneur tenait principalement à une éventuelle poursuite d’une activité industrielle sur le site même de l’usine de la SAM même si c'était sans illusion sur le nombre d’emplois pouvant être repris. Avec ce possible rachat, un « gardiennage public » pour empêcher temporairement vente et déménagement des machines avait été mis en place. L’occupation de l’usine qui s’était prolongée après les licenciements avait pour cela été levée.
Renault et gouvernement responsables !
Alors que les outils de fonderie existant sont dédiés à la fabrication de pièces pour Renault car il était le donneur d’ordre exclusif, celui-ci a refusé de s’engager à la moindre commande même pour assurer une transition avec la fabrication pour d’autres secteurs que l’automobile. Aux dires de MH Industrie, Renault a entretenu le flou pendant plusieurs mois, c’est-à-dire pendant les campagnes électorales de ce printemps. Le candidat « désigné par Macron » parachuté sur place y a été battu par celui de la NUPES s’affirmant « je suis Sam ». Le "non" définitif de Renault n’a été prononcé que récemment.
De produits métalliques issus de fonderies, l’industrie automobile en a toujours besoin tant pour les voitures thermiques qui représentent encore aujourd’hui plus des 3/4 de la production, que pour de nombreux composants des voitures électriques. Mais Renault a confié le principal de l’activité fonderies au groupe multinational CIE basé à Bilbao.
Gouvernement et Renault sont directement responsables. L’actuelle ministre en charge de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a directement suivi les dossiers SAM et Bosch en Aveyron dans le précédent gouvernement. Les résultats sont là et justifient sans doute sa promotion !
A l’affût pour vendre et déménager les machines
Les rapaces du tribunal de commerce avaient fixé au 31 juillet la date butoir pour qu’un projet de reprise sur le site soit acté, faute de quoi les procédures de vente et déménagement des machines seraient relancées Le mois d’août peut donc être celui de nouveaux mauvais coups.
Après avoir financé les études du repreneur qui vient de se désister, Carole Delga la présidente de la région Occitanie indique être prête à acquérir les terrains de l’usine, c’est-à-dire ce qui risque de devenir une friche industrielle. Toutes les opérations montées autour des fonderies et des autres sous traitants automobile en faillite se sont toutes heurtées aux exigences de la rentabilité capitaliste et à l’abandon par leur donneur d’ordre. Les projets de SCOP discutés aux fonderies du Poitou ou chez MBF à Saint Claude dans le Jura se sont heurtés aux mêmes diktats. Le bilan est clair : le marché capitaliste est aujourd’hui incapable d’offrir une garantie d’emploi aux salariés de ce type d’entreprises fournisseurs de grands groupes comme Renault.
Mise sous contrôle public des usines menacées de fermeture !
Pour le nucléaire le gouvernement va dépenser des milliards d’euros pour « nationaliser » EDF en rachetant au prix fort 20 % du capital dispersé en actions sur lesquelles spécule la Bourse. Mais pour l’emploi dans la sous traitance automobile frappée par les restructurations et le passage à l’électrique, il ne fait rien, sinon continuer à subventionner les groupes donneurs d’ordre...de licenciements.
A la SAM, une fois les les licenciements effectués, au delà de l’obtention du gardiennage public des machines, c’est un contrôle public sur toute l’usine et sa production qui aurait été nécessaire. Pas un sou pour les investisseurs marrons qui ont conduit la SAM à la liquidation ! Pour garantir l’emploi, mettre en place des productions correspondant aux besoins d’aujourd’hui et assurer les formations nécessaires sur place, il aurait fallu contraindre Renault à engager des commandes, sortir de la course aux repreneurs et placer l’usine sous le contrôle des salariés et des instances publiques.
Ces exigences s’appliquent à toutes les usines, au-delà des fonderies liquidées ces derniers mois, menacées de fermeture. Les restructurations qui s’annoncent avec le passage au moteur électrique seront d'une plus grande violence encore. Il faut s'y préparer tous ensemble.