Environ 127 000 migrantEs sont arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l'année 2023. Moitié plus qu’en 2022 au cours de la même période. La semaine du 11 septembre, 11 000 migrantEs ont accosté à Lampedusa, soit autant qu’au cours de toute l'année 2019. Les niveaux des années 2015 et 2016 sont de nouveau atteints. Et la tragédie continue : au moins 2000 migrantEs ont perdu la vie dans la traversée de la Méditerranée depuis janvier, sans compter toutes celles et ceux morts à d'autres étapes du voyage…
Gesticulations étatiques, sorties nauséabondes
Face à cette situation, les dirigeants de droite et d'extrême droite gesticulent et se bousculent. Darmanin se rend en Italie pour rencontrer son homologue. Sur demande de Giorgia Meloni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est rendue à Lampedusa, et le président du Conseil européen Charles Michel a mis la « question migratoire » au menu du prochain sommet de l'Union européenne...
Marion Maréchal s'est elle aussi déplacée dans l'île pour une obscène opération de communication. De son côté, Marine Le Pen a rencontré Matteo Salvini en Lombardie. Depuis la France, LR n'est pas en reste, avec des sorties de Éric Ciotti ou Bruno Retailleau qui n'ont rien à envier à celles du RN ou de Reconquête.
L’Europe forteresse tue
En apparence, deux fronts s'opposent. Aux dirigeants en place les discours « responsables » : Macron se fait le chantre d'une coopération européenne et appelle à la solidarité avec l'Italie, chaque pays devant « prendre sa part » ; Von der Leyen annonce un « plan d'urgence ». Aux dirigeants de droite et d'extrême droite dans l'opposition, la surenchère : Éric Ciotti appelle même à mettre un terme à « cette submersion migratoire ».
En réalité, ces catcheurs sont complices de leur cirque commun. En effet, toutes les politiques migratoires européennes sont depuis toujours orientées vers la seule fermeture des frontières. Les appels à la coopération européennes de Macron ou de Von der Leyen se font pragmatiquement dans cette optique, car il faut être bien unis pour fermer la porte à double tour ! Dans l'opposition, l'extrême droite sert à la fois de repoussoir et d’aiguillon. Face à ses délires, les dirigeants en place peuvent apparaître modérés… tout en allant de fait dans la même direction !
En finir avec un monde de frontières et de barbelés
Le désastre écologique – en particulier les conséquences du réchauffement climatique – va (in)directement produire des mouvements migratoires inconnus jusqu’alors. Entre l'enfer de leur pays de départ ou l’enfer de leur parcours migratoire, hommes et femmes feront toujours le choix pouvant déboucher sur un avenir meilleur. Ainsi, les frontières tuent d'autant plus qu'elles se ferment, et une telle politique est consciemment meurtrière.
L'agence Frontex doit être démantelée et son budget doit être intégré à une véritable politique d'accueil. Plus généralement, le NPA revendique la liberté de circulation et d'installation. Elle est un droit fondamental et inaliénable, la condition sine qua non pour l’accueil de tous les migrantEs, pour un monde réellement démocratique.
À partir de nos luttes sociales, écologiques, antiracistes, nous proposons à l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier, politiques, syndicales, associatives, de nous unir pour opposer à Macron et à Le Pen une perspective émancipatrice, qui rompe avec l’exploitation et les oppressions.
Le mardi 19 septembre 2023