«Il fallait bien deux femmes pour faire un homme», s'amuse Myriam Martin, l'une des deux nouvelles porte-parole du Nouveau Parti révolutionnaire (NPA). Après dix années de bons et loyaux services,Olivier Besancenota finalement passé le relais à deux femmes et entend désormais prendre ses distances avec les médias. Du moins c'est ce qu'il promet.
Après avoir faitl'impasse sur les élections cantonaleset avoir connu plusieurs vagues dedéparts sporadiques, la direction du NPA semblait contrainte à un changement de stratégie.
Candidat en 2002 et en 2007 à l'élection présidentielle, bon client des médias, Olivier Besancenot était devenu un porte-parole de plus en plusencombrant. Dans un parti luttant contre la personnalisation, l'ambiguïté semblait de plus en plus pesante, ce que reconnaît Besancenot :
«Nous étions en contradiction avec nos propres combats car nous luttions contre la personnalisation et en même temps on jouait dessus.»
Lors de la conférence de presse organisée lundi 4 avril par le parti anticapitaliste, Myriam Martin cherchait à convaincre que le parti avait fait le bon choix :
«Le fait qu'il y ait deux femmes représente un atout.»
Désormais, il affirme vouloir se concentrer sur les questions européennes et internationales au sein de la direction. Quitte à être moins présent dans les médias? L'ancien leader trotskiste assure qu'il était temps de se «faire violence».
Des inconnues du grand public, «piégées» par le NPA
Le NPA a ainsi fait le choix de la dépersonnalisation en élisantlors de son conseil politique national, les samedi 26 et dimanche 27 mars, ses deux nouvelles porte-parole: des inconnues du grand public.
Myriam Martin et Christine Poupin ne sortent pourtant pas de la cuisse de Jupiter. Membres de la direction du parti, anciennes têtes de liste du NPA aux élections européenne et régionale, ce sont des militantes de longue date au sein de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) puis du NPA.
Même si Myriam Martin a expliqué que cette nomination tenait de la «suite logique», les deux nouvelles égéries du NPA semblent avoir accepté à reculons d'être sur le devant de la scène.
Longtemps pressenti, Omar Slaouti, l'un des leaders du parti en Ile-de-France avait pour sa part décliné. Myriam Martin plaisante:
«Nous sommes peut-être celles qui se sont fait piéger.»
Incorrigible (bon client) Besancenot
Outre cette mise en avant de deux femmes, le NPA mise également sur deux profils distincts de celui d'Olivier Besancenot; Christine Poupin étant portée sur l'écologie tandis que Myriam Martin est rompue aux arcanes de l'éducation.
Face aux médias, les deux nouvelles porte-parole du NPA ont en tout cas prouvé qu'elles connaissaient leur bréviaire trotskiste sur le bout des doigts.
Suffisant pour qu'Olivier Besancenot reste dans l'ombre? Plusieurs fois interrogé au cours de la conférence de presse, l'ancien leader du NPA s'est longtemps abstenu d'intervenir, préférant acquiescer d'un sourire avant de finalement craquer sur une question portant sur le programme du PS. Incorrigible.
David Doucet