Pour la deuxième année, les Marches des Fiertés tombent en pleine crise sanitaire. Or, cette crise sanitaire a touché en particulier nos communautés d’un point de vue sanitaire, mais aussi social puisque nos lieux de vie, nos lieux communautaires ont dû fermer. D’un point de vue sanitaire, alors que la lutte contre le VIH commémore ses 40 ans, les taux de dépistages ont fortement baissé, ce qui inquiète nos communautés. On le sait, le renfermement sur la cellule familiale pour nombre de LGBTI peut être désastreux, surtout que nous sommes aussi plus touchéEs par les problèmes de santé mentale, de suicides ou de tentatives de suicide. Mais avec la crise économique c’est aussi pour nos communautés précaires des conséquences matérielles : des pertes de logements, de salaires, l’incapacité de pouvoir se nourrir correctement,... Avec cette crise c’est aussi un durcissement des marqueurs de la situation politique qui existait précédemment : la montée de l’extrême droite, une offensive réactionnaire d’ampleur qui se cristallise autour de l’islamophobie.
La PMA c’est pour quand ?
Pendant ce temps-là le gouvernement Macron à grands renforts de pinkwashing veut nous faire croire que son gouvernement serait de notre côté. Nous ne sommes pas dupes. Dernièrement, la Ministre déléguée du gouvernement Macron a annoncé ne pas avoir comme projet d’interdire les thérapies de conversion, qui sont dénoncées depuis des années par les LGBTI, ce qui montre, une fois de plus, la réalité de ce gouvernement. Ce gouvernement n’a même pas encore réussi à faire voter la PMA, qui pour rappel a été rejetée en Sénat en deuxième lecture. Si Olivier Véran, le Ministre de la Santé promet de la faire passer « avant l’été », on rappelle que ce gouvernement et le précédent nous auront fait attendre 10 ans pour une loi au rabais et inégalitaire.
Cette loi est inégalitaire à plusieurs niveaux. Elle exclut les personnes trans montrant une nouvelle fois le visage de la transphobie d’Etat. Au niveau de la filiation, il y aura une amélioration puisque nous n’aurons plus besoin de passer par l’adoption, mais on nous demandera de faire une déclaration conjointe devant le notaire, contrairement aux couples hétéros qui n’ont besoin que d’aller en mairie... Non seulement cette procédure est discriminante mais elle sera en plus coûteuse !
Enfin ce que propose le Sénat comme loi, comme en première lecture c’est tout simplement le non-remboursement de nos PMA. Nous ne serions pas infertiles donc nous ne mériterions pas ce remboursement là où les hétéros y auraient droit. Le projet de loi repassera à l’Assemblée Nationale le 7 juin, puis au Sénat le 24 juin. Nous exigeons la PMA que nous défendons depuis des années, ouverte à toutes les femmes, aux personnes trans, accessible et gratuite !
Homophobie, transphobie, lesbophobie, dégageons-les !
Les oppressions que nous subissons sont intrinsèques au système capitaliste mais sont aussi structurées dans les politiques de l’Etat. Nous, LGBTI et prolétaires, avons beaucoup plus à gagner à l’unité de notre classe. Le mouvement ouvrier a une responsabilité vis-à-vis de la montée des idées réactionnaires, sa tâche est celle d’un mouvement d’ensemble qui fera plier ces politiques antisociales. Nous appelons l’ensemble du mouvement ouvrier, organisé ou non, à se saisir des manifestations qui auront lieu dans toute la France, dont la Pride du 26 juin à Paris. Oui, il n’est plus question de laisser les questions LGBTI aux associations qui n’ont pour seule stratégie du lobbying parlementaire. Cette stratégie est perdante et nous n’en voulons plus. En tant que LGBTI, nous nous devons d’être internationalistes, anti-impérialistes, car il n’existe pas de pays terre promise où nous serions protégéEs des oppressions.
C’est pourquoi nos luttes s’inscrivent dans une perspective révolutionnaire. Pourquoi se battre pour la PMA si c’est pour laisser à nos enfants un monde capitaliste pourrissant ? Nous souhaitons gérer nous-même nos outils de travail, notre temps de travail, nos familles, ainsi que l’ensemble de la société. Nous allons chercher des victoires matérielles, nous voulons décider par nous-mêmes et pour nous-mêmes.
Nous nous donnons rendez-vous aux différentes Marches des Fiertés à travers la France, dont le 22 mai à La Rochelle, le 5 juin à Rennes, 26 juin à Paris, pour des manifestations revendicatives, et pour arracher nos droits et nos victoires !