Après une prolongation concédée par le pouvoir pour cause de pandémie, la trêve hivernale s’est achevée ce lundi 31 mai. Les expulsions locatives vont donc pouvoir reprendre... La question du logement reste un véritable scandale qui met en relief les inégalités générées par un système incapable de répondre aux besoins fondamentaux de la population.
Des chiffres criminels
On pouvait s’en douter, et l’association Droit au logement (DAL) et la Fondation Abbé Pierre le confirment : la crise sanitaire a fragilisé la catégorie la plus précaire de la population, au niveau de l’emploi et des revenus, et donc aussi sur le terrain du logement. Ainsi, 30 000 locataires sont aujourd’hui menacés d’expulsion, ce qui touche plus de 60 000 personnes. Deux fois plus qu’avant le début de la pandémie, parmi lesquelles beaucoup de prioritaires DALO en attente d’un relogement par le Préfet... Et 130 000 familles ont reçu un jugement d’expulsion leur ordonnant de quitter leur logement.
Pourtant, si on est sans logis, les chiffres sont sans appel : on meurt en moyenne à 40 ans, avec une espérance de vie de quinze ans… Quand on sait que la France est un pays riche qui compte actuellement 3,1 millions de logements vides, ne rien faire est tout simplement criminel !
Macron et sa politique expulsent
Au vu du contexte économique et sanitaire, les associations qui se battent au quotidien pour le droit au logement ont logiquement demandé la prolongation de la trêve hivernale jusqu’à la fin de l’année. Mais la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, l’a dit tout net : il n’y aura pas d’« année blanche » en ce qui concerne les expulsions. Tout au plus, la macroniste de promettre « un relogement ou un hébergement à chaque personne concernée et d’indemniser les propriétaires quand nous n’expulsons pas tout de suite »… Si on ne doute pas que les propriétaires seront indemnisés, on peut douter de la réalité de la politique de relogement du gouvernement.
Il faut dire qu’en la matière, la politique du pouvoir peut se résumer à une série de décisions significatives : baisse des APL, réduction des aides à la construction de logements sociaux, mesures encourageant la spéculation immobilière, développement des grands projets socialement inutiles et financièrement coûteux (JO 2024, ANRU…), agression et démantèlement des campements de sans-logis (en particulier ceux occupés par des migrantEs)...
Stoppons les expulsions, réquisition !
Dimanche dernier à Paris, entre 2000 et 3000 manifestantEs — personnes mal logées, migrantEs sans-abris, militantEs de la solidarité — ont pris la rue pour défendre le droit au logement contre la reprise des expulsions locatives. Dans la foulée, une occupation réunissant plusieurs centaines de personnes a eu lieu dans le 10e arrondissement, laissées sans solution après la « prise en charge » de centaines d’autres par la préfecture.
Avec elles et eux, nous pensons qu’il est urgent de défendre un toit pour touTEs, un besoin vital au même titre que pouvoir se nourrir, se soigner ou s’habiller. Cela passe d’abord la réquisition des logements et immeubles de bureaux inoccupés depuis deux ans grâce par la stricte application de la loi. Il faut aussi construire 200 000 logements sociaux par an et augmenter le budget public consacré au logement. Stop aux ventes des logements HLM, pour la renationalisation des sociétés HLM ! Exigeons le blocage des loyers, pour aller vers des loyers ne devant pas dépasser 20 % du revenu ! Enfin, en ce qui concernent les décisions de constructions ou les attributions, c’est à la population de contrôler ses besoins et de décider, pas à ce pouvoir criminel !
Mardi 1er juin 2021