Publié le Lundi 4 avril 2011 à 15h45.

NPA: les nouveaux visages ne font pas le renouveau (mediapart.fr)

Elles sont les nouvelles Olivier Besancenot. Du moins dans la fonction. Le NPA a élu dimanche deux porte-parole, en remplacement de son leader qui avait prévenu depuis plusieurs mois qu'il souhaitait prendre le large, après dix années à incarner publiquement son organisation. Il s'agit – sans grande surprise – de Myriam Martin et de Christine Poupin, choisies à la quasi-unanimité de la direction (94%).

Le tandem affiche de nombreux points communs: deux femmes, deux salariées – prof en lycée professionnel à Toulouse pour Myriam Martin et technicienne dans l'industrie chimique près de Rouen pour Christine Poupin –, deux tenantes de la position arrivée légèrement en tête des votes au dernier congrès (la “P1”), deux têtes de listes aux dernières régionales et deux... anciennes de la LCR.

Malgré des débuts en fanfare, le NPA n'est en effet pas parvenu à faire émerger de nouvelles têtes, englué dans ses difficultés internes, singulièrement depuis le scrutin régional de l'an dernier. Il a ainsi perdu plus du tiers de ses militants, aujourd'hui estimés entre 4.500 et 6.000. Et le congrès du mois dernier n'a fait qu'empirer les choses: dans une atmosphère parfois très tendue, le NPA s'était avéré incapable de sortir une orientation politique claire, accrochant une majorité des voix.

En cause: une organisation divisée entre trois grandes positions, dont aucune n'a obtenu de majorité absolue. La “P1”, d'Olivier Besancenot, très divisée en son sein, avait ainsi dû se contenter d'environ 40% des votes, contre près de 30% pour la “P2”, tenante d'une ligne plus «révolutionnaire», et pour la “P3”, plus «unitaire», notamment dans les rapports avec le Front de gauche.

A l'issue du congrès, plusieurs membres de l'ancienne direction avaient fini par annoncer leur départ, comme Leila Chaibi, figure du mouvement l'Appel et la pioche de défense des précaires. Quelques mois avant, c'était le comité quartier populaire d'Avignon qui avait jeté l'éponge, notamment Ilham Moussaïd, la candidate qui avait suscité la polémique à cause de son voile, et Abdel Zahiri, un temps pressenti pour devenir le «nouveau Olivier Besancenot».

Résultat, le comité exécutif – l'instance de direction du NPA – compte une petite trentaine de membres, dont quatre seulement ne sont pas issus des rangs de l'ancienne LCR (Ligue communiste révolutionnaire), qui s'est auto-dissoute pour constituer le NPA. «Il y a des raisons de disponibilité et puis aussi d'expérience politique. C'est un élément objectif. Mais c'est aussi le fruit des difficultés que le NPA a traversées», admet Myriam Martin.

Le contraste est en tout cas saisissant avec les objectifs affichés lors du congrès de fondation, il y a deux ans: à l'époque, le NPA avait parié sur une direction composée pour moitié de «non-Ligue». «C'est sûr que les départs de militants, et ceux enregistrés au dernier congrès affaiblissent surtout les non-Ligue», explique un membre de la direction.  

Mais la réunion du week-end dernier a tout de même permis au NPA de sortir avec une orientation politique majoritaire, comme en témoigne le vote d'un appel au «rassemblement anticapitaliste» pour 2012. Une première tentative, impulsée par Olivier Besancenot, avait échoué lors du congrès. Cette fois, la majorité de la “P1” et  celle de la “P3” sont parvenues à un compromis (lire l'intégralité du texte sous l'onglet Prolonger).

Concrètement, le texte propose de s'adresser à tous les militants qui ont combattu la réforme des retraites à l'automne – «l'ensemble de la gauche sociale partisane d'une rupture avec le système et dont les rangs sont bien plus larges que le NPA» – et à l'ensemble des organisations syndicales (CGT, FSU, Solidaires...), associatives, comme Attac ou la fondation Copernic, et politiques, de Lutte ouvrière aux composantes du Front de gauche (Parti de gauche, PCF, Gauche unitaire), en passant par Alternative libertaire ou les Alternatifs. Un courrier leur sera très prochainement envoyé pour les rencontrer, promet la direction du NPA.

«On a une majorité confortable en interne qui s'est dégagée. C'était important de parvenir à une ligne politique claire, après le congrès. Le NPA s'est ainsi donné les moyens de se sortir de cette période de turbulences», veut croire Myriam Martin, qui souligne aussi la série de quatre campagnes prévues (révolutions arabes, sortie du nucléaire, lutte antiraciste et emploi/santé).

Avec ce texte, le NPA se rêve en rassembleur de la gauche radicale, mais à une condition sine qua non: l'indépendance totale vis-à-vis du Parti socialiste. «Pour nous, un rassemblement vise à construire un bloc indépendant», se battant pour un «programme de rupture», selon l'appel. Rien de bien nouveau donc pour le NPA, qui avait déjà tenu cette ligne lors des discussions au moment des européennes et des régionales, conduisant à des listes séparées, dans la majorité des endroits, d'avec le Front de gauche.

Ces dernières semaines, le NPA avait déjà opposé une fin de non-recevoir au Parti de gauche, et refusé un ralliement sur le nom de Jean-Luc Mélenchon. «Ce qu'il nous propose, c'est un ralliement, pas l'unité. (...) Mélenchon se revendique toujours des années Mitterrand et de la gauche plurielle. Il laisse la possibilité entrouverte d'appliquer, demain, son programme avec le PS. C'est une différence entre nous», avait ainsi déclaré Olivier Besancenot.

L'appel du NPA se garde d'ailleurs bien de soulever la question du nom du candidat à l'élection présidentielle. Son espoir: que ses discussions avec «le mouvement social» (aussi floues qu'en soient les frontières) fassent émerger une figure – ce que n'a pourtant pas permis la mobilisation contre la réforme des retraites -–, permettant d'afficher une alternative à Mélenchon. Dans le cas contraire, Olivier Besancenot, qui reste de toute façon membre de la direction, pourrait remettre le couvert. La décision sera prise en juin.

Lenaïg Bredoux, le 28 mars 2011.