PARIS, 22 mai 2011 (AFP) - Outrées par les réactions "sexistes" à l'affaire Dominique Strauss-Kahn, accusé à New York d'acte sexuel criminel contre une femme de chambre, des féministes françaises ont manifesté leur colère dimanche devant le Centre Pompidou, avec désormais le soutien d'hommes politiques. "Sexisme: ils se lâchent, les femmes trinquent", "Les soubrettes sont en colère", "Nous sommes toutes des femmes de chambre", c'est sous ces mots d'ordre que 3.000 personnes, selon les organisatrices, se sont rassemblées à l'appel des associations Osez le féminisme !, Paroles de femmes, La barbe. Une initiative soutenue par d'autres mouvements comme le Planning familial, Mix-cité. "Quand une femme dit non, c'est non", scandaient les manifestantes reprenant en choeur un slogan des féministes des années 1980 qui luttaient pour que le viol soit considéré comme un crime. Inculpé par la chambre d'accusation de New York de "crimes sexuels" et "tentative de viol" contre une Guinéenne de 32 ans, mère célibataire, l'ancien directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn a été remis en liberté sous caution vendredi. "Le problème n'est pas ce qui s'est passé à New York", déclarait la présidente de "Osez le Féminisme", Caroline de Haas lors d'un point de presse mais "le déferlement de sexisme" qui a suivi, et "cela n'est pas acceptable". "Un climat sexiste" a prévalu sur le net, les réseaux sociaux, des médias depuis le déclenchement de l'affaire, relève Olivia Cattan, présidente de Parole de Femmes. Les "blagues sexistes" dont les réseaux sociaux regorgent, l'amalgame entre "badinage amoureux et agression sexuelle", ont été autant de tentatives pour "minimiser le viol", alors que 75.000 de femmes en sont chaque victimes, selon les associations. "La présomption d'innocence est inaliénable, mais la présomption de la véracité des propos de la plaignante aussi", souligne la journaliste Audre Pulvar, qui rappelle la séquence: du déclenchement de l'affaire dimanche dernier jusqu'à mardi, seuls l'accusé et sa famille étaient plaints et personne n'évoquait "l'éventuelle souffrance de la plaignante". Il a fallu la mobilisation des mouvements féministes pour alerter l'opinion, selon elle. "Il y a eu un matraquage sur la thèse de complot" dont serait victime Dominique Strauss-Kahn "mais sur la plaignante, silence radio", renchérit Clémentine Autain, ex-adjointe au maire de Paris, qui a été elle-même victime d'un viol. Désormais des politiques ont apporté leur soutien à la pétition lancée par les féministes pour dénoncer "le sexisme décomplexé" - qui a recueilli plus de 15.000 signatures- notamment les socialistes Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, les écologistes Cécile Duflot, Eva Joly, les communistes Pierre Laurent, Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon (PG), des leaders de NPA. Pour les associations, des "propos misogynes" dont ceux de l'ex-ministre socialiste Jack Lang pour qui "il n'y a pas eu mort d'homme" ont alimenté le climat sexiste. Le député du Pas-de-Calais a depuis fait une mise au point et contacté lui-même les associations féministes pour apporter son soutien à leur pétition, a souligné Olivia Cattan. Le commentaire du journaliste Jean-François Kahn, qui avait parlé de "troussage de domestique" est aussi dans le collimateur des féministes. M.Kahn a depuis fait amende honorable revenant sur ses propos qu'il a qualifié lui-même d'"injustifiables". Mais, sa formule a fait des émules, ainsi le ministre de l'Intérieur Claude Guéant affirmait dimanche que si DSK "était coupable, il serait coupable de faits très graves. Trousser une domestique, ça me semble gravissime", a-t-il dit. em/bfr/ei