Publié le Jeudi 11 mars 2010 à 15h44.

"Après une campagne atone, le NPA conditionne son soutien pour le second tour" (le Monde du 12 mars)

La salle de la Mutualité s’est remplie doucement. Les slogans se sont faits timides et les discours un peu poussifs. Même le traditionnel "Tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais" a eu du mal à prendre. Pour le dernier meeting de sa campagne, Olivier Besancenot, tête de liste du Nouveau Parti anticapitaliste en Ile-de-France, a du mal à mobiliser.

Mercredi 10 mars, devant quelque 800 personnes – une petite "Mutu" pour le facteur révolutionnaire –, il a tenté une nouvelle fois de reprendre son antienne sur "la crise sociale profonde" et "la répartition des richesses" qu’il préconise, discours qui a fait son succès.

Mais les dirigeants ont du mal à cacher leur difficulté à faire campagne. "C’est compliqué cette fois-ci", admet Basile Pot, un proche de M.Besancenot. Malgré une campagne militante "à l’ancienne" axée sur les mots d’ordre nationaux classiques et la revendication des "transports gratuits pour tous" en Ile-de-France, le leader du NPA reconnaît que "c’est difficile".

Les mobilisations sociales sur lesquelles surfe le facteur ne sont pas au rendez-vous, à la différence du printemps 2009, point de journée d’action massive ou de mouvement de grève symbolique fort, carburant politique du NPA.

Le Nouveau Parti anticapitaliste ne peut pas non plus s’appuyer sur ses élus régionaux – seuls deux élus en 2004 – pour faire vivre sa campagne. Et son électorat traditionnel – jeunes et ouvriers – risque de s’abstenir massivement. Avec sa stratégie solitaire refusant, dans une majorité de régions, l’alliance avec le Front de gauche, le NPA s’est aussi coupé d’une frange de la gauche radicale.

ENTRE 2% ET 3,5% DES VOIX

Et puis, il y a eu la polémique sur la candidature d’Ilhem Moussaid, la jeune militante du Vaucluse, et son foulard. Les bagarres internes autour de la légitimité de sa candidature ont laissé des traces. "Ça n’a pas favorisé la mobilisation des militants", avoue Pierre-François Grond, bras droit du porte-parole. "On a eu de très fortes tensions, et c’était lourdingue", renchérit Ivan Lemaître, membre de l’exécutif.

Avec des prévisions donnant le NPA entre 2 % et 3,5 % des voix, les sondages ont traduit à leur manière ce ressac. "Alors qu’en 2007, avec un PCF à 1,93 % et un Besancenot à 4,8 %, la messe semblait être dite, le NPA n’est plus le seul audible à la gauche du PS", analyse Jérôme Fourquet, directeur de l’IFOP.

Seule éclaircie, le dernier sondage TNS-Sofres/Logica, réalisé pour Le Monde, France 2, France 3 et France Inter, qui place le leader du NPA à 6% des intentions de vote en Ile-de-France. La popularité du "camarade Olivier" serait encore forte. C’est donc autour de son seul visage et d’un slogan, "Tout changer, rien lâcher", que s’affiche la campagne. Mais même au NPA, on doute de la possibilité de faire un tel score : "On attend le jour du vote."

Quoi qu’il en soit, la stratégie pour le 14 mars au soir est déjà arrêtée. M.Besancenot conditionnera son appel au vote PS à l’attribution d’élus au prorata du nombre de voix. Sans participation à la gestion, évidemment. "Parce que la gauche mérite mieux que d’être représentée par le PS et ses alliés actuels", dit-il.

Sylvia Zappi