L'objectif était de se faire entendre pour préparer un troisième tour social. Avec 1,2 à 1,3% pour Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) et 0,5 à 0,6% pour Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), la gauche trotskiste a été phagocytée par l'ogre Jean-Luc Mélenchon.
Un tonnerre d’applaudissements puis des huées et enfin, ce célèbre slogan qui gronde dans la petite salle: «A bas ! A bas, le Front National !». Il est tout juste 20 heures. Serrés devant un buffet au QG parisien duNouveau parti anticapitaliste (NPA) situé en sous-sol, rue Taine à Paris (XIIe), les militants du NPA venus soutenir leur candidatPhilippe Poutou - une petite centaine -, découvrent devant un écran géant les résultats du 1er tour: le score modeste de l’ouvrier de Blanquefort (1,2%) mais aussi ce coup de tonnerre, la 3e place de Marine Le Pen, forte de ses 18,3%. Le candidat anticapitaliste, qui avait commencé la course à la présidentielle avec 0,5% des voix, termine donc légèrement mieux, au terme d’une campagne marquée par des déchirements internes, plusieurs cadres historiques ayant choisi de rallier le Front de gauche. Mais Poutou, malgré sa cote de sympathie dans l’opinion, finit loin derrière les résultats historiques d’Olivier Besançenot. Le charismatique facteur de Neuilly était parvenu en 2002 et 2005 à rassembler plus de 4% des suffrages.«Dégager Sarkozy et sa bande en votant contre lui» A son QG, en présence du «père fondateur» de la LCR (devenu NPA), Alain Krivine, Philippe Poutou fait son apparition, en jean, parmi ses fidèles, un léger sourire aux lèvres et une feuille volante à la main. «Nous avons fait exister les réponses des anti-capitalistes !», commence-t-il par se réjouir avant de se renfermer lorsqu’il évoque cette «mauvaise nouvelle» : «Le Front national est un danger mortel qu’il faut continuer à combattre. Il ne représente en rien les classes populaires». Face à lui, les militants applaudissent à tout rompre. «Poutou Président !», hurle une militante. Pour le 2e tour, le candidat du NPA appelle ses partisans à «dégager Sarkozy et sa bande en votant contre lui». Et après ? «Le NPA est là et bien là», tonne l’ouvrier avant de «tendre la main au Front de Gauche, à Lutte ouvrière, aux militants syndicalistes pour préparer dès à présent la contre-offensive dont a besoin le monde du travail». La suite, pour le NPA, réside toujours dans l’espoir de «rassembler à la gauche de la gauche» dans un outil politique «indépendant du PS». Mais cette question essentielle est source de tensions au sein de la direction du parti. Du côté des militants, où certains entonnent l’Internationale, le poing levé, on veut toujours y croire. «On sort renforcés de cette campagne», assurent Yohann et Jean-Baptiste, 29 et 33 ans, qui habitant la Seine-Saint-Denis. «Mais les électeurs ont voulu voter utile et on a pâti du rouleau compresseur médiatique de Jean-Luc Mélenchon. De toute façon, c’est dans la rue que le rapport de forces se créera», soutiennent-ils. A leurs côté Alain Krivine assure que «Poutou s’est installé dans le paysage politique». Mais en attendant, ce dernier ne s’éternise pas à son QG. Et avant de s’éclipser pour rejoindre les plateaux télé, il glisse, ravi, aux journalistes: «je reprends le boulot la s’maine prochaine».
Bérangère Lepetit