Fin du suspense: il y va. Le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste, Olivier Besancenot, a annoncé hier sa candidature aux régionales de mars en Ile-de-France, où il sera chef de file des listes NPA. Dans un entretien auParisien, le leader anticapitaliste justifie son choix: «L’Ile-de-France est la région la plus riche de France mais, paradoxalement, c’est là que les inégalités sociales sont les plus fortes.» Un pari risqué pour le NPA et surtout pour lui. Besancenot était peu enthousiaste au départ à l’idée d’être envoyé au carton dans une élection et une région compliquées.
Claque. En Ile-de-France, le NPA a peu de chances d’atteindre au premier tour la barre des 5%, nécessaire pour fusionner avec d’autres listes au second. Surtout, au soir du 14mars, les listes Besancenot risquent de se retrouver derrière celles du Front de gauche, menées par le numéro2 du PCF, Pierre Laurent, et qui regroupent, outre les communistes et le Parti de gauche (PG de Jean-Luc Mélenchon), d’autres petites formations de la gauche radicale.
Ce serait une deuxième claque après celle des européennes de juin. En Ile-de-France, le Front de gauche avait alors récolté 6,3% des voix contre 3,5% pour le NPA. Selon les derniers sondages, les anticapitalistes plafonnent à 4% quand le Front de gauche est à 6%.
«L’Ile-de-France a toujours été une région difficile pour nous, concède, réaliste, Besancenot. Même aux régionales de2004, où nous faisions campagne avec Arlette Laguiller, nous avions fait seulement 3,99%.» Contre 7,2% pour les listes communistes menées à l’époque par la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet. A la gauche du PS, l’implantation historique des élus communistes et ses réseaux militants mobilisent des voix.
La spécificité locale de ces élections pourrait aussi désavantager un NPA qui, s’il accepte de fusionner avec le PS et Europe Ecologie entre les deux tours, exclut déjà de participer à une majorité avec les socialistes ou les écolos, contrairement au Front de gauche. «On ne va pas faire un match avec le NPA, tempère Eric Coquerel, tête de liste Front de gauche à Paris. Mais nous avons vocation à constituer des majorités, pas à être une opposition de gauche.»
Au NPA, on se réclame d’une «gauche anticapitaliste indépendante»: «Toutes les autres listes de gauche se placent dans le cadre de la majorité sortante», défend Pierre-François Grond, du comité exécutif du NPA. Le parti prend déjà position sur deux propositions phares: la «transparence des subventions publiques» et la «gratuité dans les transports collectifs».
Plus largement, cette candidature illustre la difficulté du NPA à exister sans son leader à fort potentiel médiatique. «Sans lui, le NPA aurait été noyé au milieu des autres listes de gauche et n’aurait eu aucune visibilité», déplore un membre de la direction du parti. A charge pour Besancenot d’éviter un score ridicule. Un an après la naissance du NPA et des militants divisés entre révolutionnaires et réalistes, cette présence de leur leader a aussi pour but de ressouder les troupes. Besancenot réfute: «Je ne me présente pas pour des raisons internes. Il y a le temps des regrets, le temps des engueulades. Maintenant on est dans le temps de la campagne.»
Squatter. Reste que ce choix montre aussi les difficultés du NPA à faire émerger d’autres voix. Pierre-François Grond sera porte-parole national. Mais Besancenot devrait une nouvelle fois être le seul NPA à squatter les télés et ondes nationales. «Tant que la stratégie tourne seulement autour d’Olivier, comment peut-on faire émerger d’autres personnes? critique un opposant à la ligne majoritaire de la direction. On a un porte-parole qui reste populaire, mais ça ne suffit pas à construire un parti.» Chez le voisin communiste, on raille son concurrent de gauche. «Le NPA est atteint du syndrome Laguillier, ironise Patrice Bessac, porte-parole du PCF et candidat aux régionales à Paris. Pendant vingt ans, ils vont présenter Olivier Besancenot aux élections.
Lilian Alemagna