Publié par France Bleu Gironde, propos recueillis par Marie Rouarch. Philippe Poutou, avec la liste "Bordeaux en Luttes", est en lice au second tour des municipales, à Bordeaux. Invité de France Bleu Gironde ce mardi matin, il estime que crise sanitaire ou pas, "la colère, le ras-le-bol, l'envie que ça change" sont toujours là.
France Bleu Gironde : ce mardi, vous serez aux côtés des soignants qui se mobilisent devant le CHU Pellegrin. Parce qu’ils méritent davantage que des applaudissements, c’est aussi ce que vous pensez ?
Philippe Poutou : Plus que des applaudissements, plus que des mercis, on est complètement solidaires de leurs revendications salariales, sur les conditions de travail et sur les recrutements. C’est le problème des services publics de santé qui est posé. On a vu avec la crise sanitaire tout l’urgence qu’il y a à reconstruire un vrai service public de santé, de combattre les logiques de marchandisation, qui ont coûté très cher aux hôpitaux. Il faut vraiment une politique qui donne des moyens et ça passera par des batailles sociales.
Édouard Philippe a promis lors du lancement du "Ségur de la santé", ce lundi, des investissements massifs pour l'hôpital public, vous y croyez ?
Bien sûr que non. La situation a montré l’extrême urgence des problèmes. Là on parle du système de santé, mais on pourrait discuter de l’ensemble des services publics puisqu’il y a une destruction depuis des années et des années, le gouvernement actuel n’en est pas le seul responsable. Aujourd’hui il faut tout reconstruire.
Les services publics, vous en aviez fait un élément phare de votre campagne pour les municipales à Bordeaux. Vous êtes qualifié pour le second tour, qui aura lieu le 28 juin, sauf regain de l’épidémie de coronavirus. Pourtant c’est une date qui ne vous convient pas…
On ne voyait pas l’intérêt de reprendre la campagne dès le mois de juin, on est toujours en pleine crise sanitaire. On sait qu’on ne pourra pas mener une campagne de terrain comme d’habitude que ce soit des réunions publiques, des tractages. On pensait qu’il valait mieux attendre la rentrée, en septembre-octobre. Maintenant la date est fixée. Est-ce que c’est risqué, est-ce que c’est raisonnable ou pas ? On verra bien. Mais on va mener la bataille parce que c’est important que cette municipale aille au bout. Des questions politiques sont posées, les problèmes d’urgence sociale, de services publics, de redistribution des richesses et de démocratie. Il faut que la population ait les moyens de décider.
Ce mois qui s’annonce avant le second tour, comment est-ce que vous l’envisagez ?
Evidemment s’il y a des mobilisations, comme devant le CHU, ça nous permet, en les appuyant, en les relayant, de militer comme on milite au quotidien, de condamner cette société d’injustice et d’exploitation. Ces mobilisations nous permettent de faire campagne un peu comme au premier tour en février-mars, avec la mobilisation contre la réforme des retraites. Après, on imagine bien que l’essentiel de la campagne se passera sur les réseaux sociaux et à travers les médias. On fera ce qu’on pourra pour se faire entendre mais ce qui est sûr c’est qu’on est motivé parce que la colère est toujours là, le ras-le-bol, l’envie que ça change.
La période de crise sanitaire vous a-t-elle amené à aménager votre programme pour le second tour des municipales ?
De fait, il se réoriente un peu. La crise sanitaire a montré que l’action était plus urgente qu’on pouvait le penser. On l’a vu surtout au début du confinement, les questions d’alimentation, les questions d’hygiène, les populations précaires se sont retrouvées complètement démunies. Et aujourd’hui, c’est la question de la culture, puisque les concerts, les théâtres sont fermés. Tout ce qu’on posait au premier tour est toujours là aujourd’hui.