Publié le Vendredi 27 mars 2009 à 08h00.

"Des militants du parti de M. Besancenot dénoncent un "bug démocratique""

Un "gentil" article du Monde sur le NPA.....Publié le 26 mars.

Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) connaît ses premiers remous. Après un congrès de fondation réussi, des sondages flatteurs et un climat de luttes sociales très porteur, les amis d'Olivier Besancenot ne doutent plus de leur avenir politique. Un nouveau journal – intitulé sans complexe Tout est à nous –, doit paraître jeudi 26 mars, pour donner corps à cette nouvelle puissance. Les élections européennes de juin doivent donner la mesure de leur nouvelle audience.

C'est pourtant sur cette échéance que s'est greffée la première discorde interne. Le 12 mars, M. Besancenot présentait la campagne de son parti et les six têtes de listes qui la porteraient. Le dispositif avait été rapidement avalisé la veille par le Conseil politique national (CPN), nouvelle direction de l'organisation. Sur les six têtes de listes proposées, quatre sont des anciens cadres de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Le nouvel exécutif a été entériné de la même façon. Les deux sujets avaient été préparés par l'ancienne direction de la LCR.

Cette maîtrise des décisions par le cercle proche de M. Besancenot a fait grincer dans les rangs des nouveaux adhérents. La première salve est venue des militants de l'Appel et la pioche, un collectif de salariés et précaires qui organise des pique-niques sauvages dans les supermarchés. Dans une lettre ouverte, ses animateurs rappellent qu'"en lançant le NPA, la LCR avait annoncé la couleur : faire le pari du renouvellement", ajoutant qu'ils y avaient cru "dur comme fer". Mais "après la première réunion du CPN, nous fûmes nombreux à avoir la gueule de bois", poursuivent-ils, dénonçant en vrac, des têtes de liste présentées "sans discussion", un exécutif désigné sans appel à candidatures, et surtout, une direction "provisoire" qui décide de tout. "C'est l'ancienne LCR et les gens qu'ils placent qui sont dans la direction. On a raté le coche de la démocratie", assure Simon Cotin-Marx, uns des animateurs du collectif.

"MANQUE D'INFORMATION"

La critique a été relayée par des motions de protestations de plusieurs comités, notamment dans le Tarn, la Charente, à Saint-Nazaire ou à Angers, qui ont dénoncé la "dépossession" des adhérents.

La déception est aussi perceptible sur le site de discussion d'extrême-gauche, Forum marxiste révolutionnaire, où quelques militants ont fait aussi part de leur amertume. "On a tous ressenti un manque d'information et de discussion dans les comités", remarque Victor Purcel, militant de l'Appel et la pioche. "Cela a été un vrai bug démocratique", dit encore Leila Chaibi, elle aussi animatrice du collectif.

La critique est sévère pour un parti qui s'est présenté comme porteur de nouvelles pratiques politiques. La direction du NPA a tenté de se justifier en invoquant "l'urgence" du dépôt des listes. Mais elle assume son rôle dans la formation des directions. "Il est logique qu'il y ait une équipe constituée venant de la Ligue. On ne va pas s'effacer", justifie Pierre-François Grond, bras droit de M. Besancenot.

Des "ajustements" ont cependant été opérés : Leila Chaibi a été intégrée à l'exécutif et un groupe de travail sur la démocratie interne a été concédé aux "trublions". Ses travaux seront rendus publics lors du prochain CPN le 21 juin. Le même jour, un nouveau courant d'opposition rassemblant des anciens proches de Christian Picquet et des nouveaux adhérents attachés à défendre un parti ouvert sera officiellement annoncé.

Sylvia Zappi