Le candidat du NPA requinque la salle
La salle du centre social Carrefour18, à Rennes, se remplit peu à peu. 250 personnes sont venues écouter le candidat du NPA, Philippe Poutou. Pour accueillir le public, pas la moindre musique d’ambiance. Beaucoup de jeunes sont présents. Mais le climat n’est pas à la fête. La faute à la crise? Aux sondages qui n’accordent que 0,5% des votes au NPA? «Pour ceux qui ont connu 2007, l’engouement qu’il y avait, cette campagne-là est difficile»,reconnaît Vincent, un ancien de la Ligue communiste révolutionnaire, venu de Saint-Brieuc. Philippe Poutou le sent bien.«Ben quoi, y a pas d’ambiance!»,lâche-t-il quelques minutes avant que les sympathisants ne rentrent. Du coup, c’est lui qui se charge de requinquer la salle. L’ouvrier automobile de l’usine Ford, près de Bordeaux, n’est peut-être pas le candidat le plus formé aux plateaux de télévision. Mais les meetings dans des salles de taille modeste, il maîtrise. Plus d’une heure d’un discours bien rodé, sans la moindre note.
Piques contre Nicolas Sarkozy
Et avec la manière! Rien de tel qu’une ou deux boutades pour dérider les visages.«Vous avez vu les candidats? Ils sont tous allés au Salon de l’agriculture passer une main sur le cul des vaches. Puis ils sont allés dans les usines. Là, tout de même, ils n’ont pas passé de main sur le cul des ouvriers. Cela ne se fait pas…»Premiers rires garantis. Mais Nicolas Sarkozy reste sa cible préférée.«Il se dit le candidat du peuple. Au début, je croyais que c’était une blague»,ironise Philippe Poutou qui rappelle que le patrimoine personnel du président de la République a progressé d’environ 600000€ depuis 2007, pour atteindre près de 2,7millions d’euros.
Salaire minimum à 1 700 €
Au passage, le candidat NPA n’hésite pas à ironiser sur sa propre campagne.«Je vais vous faire une confidence: je pense que, cette fois-ci, on ne va pas être élu.»Mais qu’importe. Le candidat anticapitaliste veut, avant tout, le départ de Nicolas Sarkozy. Puis tenter de convaincre les gens de gauche, et si possible Jean-Luc Mélenchon, de ne pas s’allier avec le PS. L’avenir du pays passe, selon le NPA, par un salaire minimum mensuel à 1700€ pour relancer l’activité, l’interdiction des licenciements, l’arrêt programmé du nucléaire… Comment? En plaçant les banques sous le contrôle des salariés et en annulant la dette publique. Philippe Poutou avait débuté son discours en promettant«une politique radicale».À défaut de se faire, c’est dit… Pierrick BAUDAIS.