Ces dernières semaines, la grève des raffineurs avait fait taire l’extrême droite, marginalisée comme d'habitude par les mouvements sociaux organisés. Mais c'était sans compter sur sa propension, elle aussi habituelle, à instrumentaliser les faits divers. En la matière, l'effroyable meurtre de la petite Lola repousse les frontières récentes de l’ignominie.
L'extrême droite attise
Le crime n'a aucun caractère racial, national ou religieux. Par ailleurs, la meurtrière est une femme au casier judiciaire vierge, dont le niveau d'altération de la santé mentale est encore inconnu. Oui mais voilà : elle est une algérienne en « situation irrégulière ». Et Lola est blanche. Il n'en fallait pas plus. En 48 heures, la fachosphère s'est enflammée.
D'un côté, Zemmour et ses sbires vont jusqu'au bout du délire paranoïaque et haineux. Détournant les termes de génocide et de féminicide, le meurtre de Lola devient rien moins qu'un « francocide ». Ainsi la preuve que le « grand remplacement » est en marche. Parallèlement, des hashtags sont lancés et des noms de domaines sont achetés pour répandre la haine en ligne. Puis un rassemblement de tous les pires courants s'est tenu à Paris. Galvanisés et prenant le même prétexte, des groupes fascistes sont eux aussi descendus dans le rue dans diverses villes, dont Lyon et Rennes, pour faire régner gratuitement la peur... en toute impunité policière.
D'un autre côté, le RN continue de jouer sa partition trompeuse de force institutionnelle et « modérée ». Ne disant rien d'autre que Zemmour sur le fond, Le Pen et ses acolytes se contentent de jouer la modération sur la forme. Les vociférations sont remplacées par des insinuations. Les meutes de rue sont remplacée par une minute de silence des députés devant le Palais Bourbon.
La droite « républicaine » relaye
Dégoulinant chaque jour un peu plus dans le caniveau de l’extrême droite, Les Républicains se sont joints à l'obscène récital lors des questions au gouvernement, fustigeant la « faiblesse de la République » et le « laxisme de la politique migratoire ».
Au pouvoir, la macronie prétend encore combattre l’extrême droite. Mais depuis cinq ans, elle lui a pavé le chemin par l'ensemble de sa politique anti-sociale, sécuritaire et raciste. Elle ne peut désormais rien faire de plus que... s'excuser et promet... de persévérer. Ainsi penaud, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a déclaré qu'il « fallait faire mieux » pour expulser les étrangerEs en situation irrégulière. Macron n'a quant à lui rien trouvé de mieux que d'être le premier dirigeant à rencontrer en catimini Georgia Meloni, nouvelle dirigeante italienne... d’extrême droite. Tout un symbole.
S’organiser contre le pire
Enfin, ce spectacle ne serait rien sans le cynisme et la complaisance des tenanciers du théâtre des horreurs. Des chaînes d'infos à Cyril Hanouna, une tribune démesurée et permanente à été donnée à ces discours pendant des jours entiers, au mépris de toute rationalité quant au contenu et la signification du crime.
Dans l'Histoire, l’instrumentalisation de faits divers criminels ou même de simples rumeurs ont souvent été à l'origine de lynchages, voire de pogroms. Et c'est bien ce que recherche l’extrême droite : provoquer le pire. Son instrumentalisation de la mort de la petite Lola est choquante, obscène et dangereuse. Elle ne respecte rien, pas même la souffrance des familles. Tout leur est prétexte pour nourrir leur agenda xénophobe et raciste.
Nous tenons à réaffirmer tout notre soutien à la famille de la victime, et dénonçons cette récupération politique qui vise à ajouter la haine à la douleur. Face à cette extrême droite menaçante et sans scrupules, il y a urgence à ce que l’ensemble de la gauche sociale et politique construise une réponse à la hauteur.
Le mardi 25 octobre 2022