Avis de tempête pour le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), déjà menacé d'implosion trois ans à peine après sa création. Dans les allées de son université d'été, à Port-Leucate (Aude), du 28 au 31 août, l'ambiance est morose. L'élan de l'après-présidentielle 2007 et des presque 5 % recueillis par Olivier Besancenot est retombé, les effectifs ont fondu de moitié, les divergences internes se sont approfondies. La candidature de Philippe Poutou à l'élection présidentielle de 2012 est loin de faire l'unanimité.
"Un gâchis désespérant", déplorent certains cadres historiques de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), qui a fait le pari de se dissoudre en 2008 pour créer le NPA. "Une dérive fatale", soulignent-ils. Le NPA devait s'ouvrir vers l'extérieur ; il s'est replié sur lui-même. Sa presse, ses débats, son apport aux mouvements sociaux se sont appauvris.
Première vie "grillée"
M. Besancenot se refuse à verser dans le catastrophisme. "La seule erreur qu'on pourrait vraiment nous reprocher aurait été de ne pas avoir tenté le NPA, assure-t-il. Le NPA a grillé sa première vie, un peu trop vite à mon goût, mais on entre dans une deuxième étape." Selon lui, l'essentiel des difficultés rencontrées par le nouveau parti tient à l'"absence de victoires sociales". "Toutes les organisations radicales européennes, quelle que soit leur forme, sont en crise. La crise économique suscite des résistances mais, faute de victoires significatives, la perspective politique qu'elles proposent s'affaiblit", explique-t-il, en rappelant la défaite du mouvement contre la réforme des retraites. Il reste toutefois persuadé qu'"un basculement historique est en train de se dessiner" et que "l'approfondissement de la crise économique, financière et sociale donne une nouvelle actualité à l'anticapitalisme".
Le NPA a-t-il les ressources nécessaires pour sortir, lui, de sa propre crise ? "C'est trop précieux, le NPA ! On ne va pas bousiller cet outil. Alors arrêtons les conneries, apprenons à vivre avec nos désaccords, ils sont moins importants que ce qui nous rassemble", plaide M. Poutou. Pour l'heure, son souhait est loin d'être exaucé. Une partie de l'organisation, défavorable à l'idée de présenter un candidat du NPA, renâcle ouvertement à prendre part à sa campagne.
La chasse aux 500 promesses de parrainage d'élus a commencé, et une centaine a été recueillie. "Nous ferons le point en novembre-décembre pour voir si l'objectif est réalisable", assure la direction. Il est probable qu'un échec, dans cette première phase, accélérerait la désagrégation du NPA.
Patrick Roger