Mais où est donc passé Olivier Besancenot ? Un an après avoir été présenté comme « l’homme qui faisait peur au PS », le facteur de Neuilly-sur-Seine fait du surplace. Plus embarrassant pour lui, le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste doit affronter sa première crise interne sur la question des prochaines élections régionales, alors que les frères ennemis de Lutte ouvrière sont déjà en campagne.
Minoritaire dans son parti
« Avec 36 % des suffrages des adhérents, nous sommes mis en minorité », reconnaissent la direction et Besancenot lui-même. Leur proposition refuse tout accord en vue des élections régionales avec le Front de gauche, estimant que ni le PC ni les amis de Jean-Luc Mélenchon n’offrent des garanties suffisantes d’indépendance vis-à-vis du PS. Pour certains dirigeants, ce vote (4 500 votants seulement sur 9 000 adhérents) va au-delà du simple accident de parcours. Yann Cochin, favorable à l’union, parle de « vrai désaveu ». « C’est un revers clair pour Besancenot, qui n’a jamais cherché sincèrement et loyalement l’unité », renchérit Christian Piquet, ex-opposant, passé au Front de gauche. Le NPA devrait partir en solo devant les électeurs, sauf en Languedoc-Roussillon, Bretagne et Basse-Normandie.
Mauvaise passe médiatique Présenté à l’automne 2008 comme « le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy », le facteur ne fait plus la une. Du côté de la popularité, il enregistre la plus forte baisse (- 9 points) dans le dernier palmarès Ipsos-« le Point », arrivant désormais à la treizième place derrière Martine Aubry. « Les fondamentaux de sa popularité ne sont pas affectés. En deux semaines, j’ai reçu soixante-quatre demandes d’intervention dans des entreprises en lutte », relativise son ami Basile Pot. Mais le politologue Vincent Tiberj pointe un « effet d’accoutumance » et explique : « Besancenot n’est attendu ni sur Copenhague ni sur l’identité nationale, mais sur la crise sociale. » Problème : Besancenot ne capitalise pas sur la crise.
Mouvement social atone Un jour au côté des grévistes du centre Georges-Pompidou, un autre avec les sans-papiers… Besancenot se démène, mais « l’absence de mobilisation large et unitaire nous pénalise », reconnaît Pierre-François Grond, numéro deux du parti. Le facteur a d’autant plus de mal que, du côté socialiste, Martine Aubry a sonné « le retour du PS dans les luttes sociales » et que le Front de gauche a réussi en juin à dépasser le NPA aux élections européennes (6,5 % contre 4,98 %). « Ça a donné un petit coup au moral des militants, mais guère plus », relativise Grond.
La course aux dons Sans mobilisation, pas de dons. Le NPA cherche 200 000 € avant le 31 décembre. Il y a deux semaines, la direction tirait la sonnette d’alarme : « 6 732 € … Pour l’heure, nous avançons au rythme d’un escargot… Il s’agit que le porte-voix, logo du NPA, ne se retrouve pas sans pile. »
Crise existentielle ? La rumeur court. Pris en tenailles entre son engagement permanent et sa volonté de ne plus assumer seul le rôle de porte-parole, Besancenot aurait le blues et traverserait même « une crise existentielle ». Il est vrai qu’il a peu participé à la saga des réunions avec le Front de gauche. « Les discussions interminables, ça n’a jamais été sa tasse de thé. Son truc, c’est la Poste », confie un de ses proches. Candidat aux régionales de 2004 à Paris, Besancenot n’est pas sûr de faire le même choix l’an prochain. Décision en janvier.
Eric Hacquemand.