Philippe Poutou espère décoller dans les sondages grâce une «meilleure visibilité» médiatique.
Mardi 20 mars, à Valence, le candidat du NPA a dénoncé «l’ambiguïté» du Front de gauche, mais sans l’attaquer frontalement.
Le rendez-vous avait été fixé à 17h30 au Parc des expositions. Arrivé de Paris, Philippe Poutou est pile à l’heure, mais… devant une porte close. «On attend un copain qui doit apporter la clé de la salle», explique une dirigeante locale du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Cinq minutes plus tard, le «copain» et la clé sont là. «Sympa, la salle!», constate Philippe Poutou qui, loin de toute solennité, commence à installer lui-même les chaises pour le meeting du soir.
En dépit des événements de Toulouse, le parti d’extrême gauche a décidé, ce mardi 20 mars, de maintenir sa réunion publique à Valence (Drôme). «Ces actes dramatiques ne doivent pas conduire à arrêter de faire de la politique. Plus que jamais, c’est le moment de dénoncer tous les préjugés racistes et antisémites», explique le candidat du NPA, en jugeant «un peu facile cette suspension de campagne de Sarkozy, qui reste omniprésent comme président» .
Dix-neuf heures. C’est quand même par une minute de silence que débute le meeting en présence d’environ 150 personnes. Mais très vite, la campagne reprend ses droits. Et les premiers mots de Philippe Poutou sont pour remercier «ces centaines de camarades qui, pendant huit mois, ont sillonné la France» pour obtenir les 500signatures de maires.
Un revenu minimum à 1700€ net
«On nous promettait l’échec, eh bien, nous sommes toujours là», se réjouit le candidat avant de présenter ses propositions: l’interdiction de tous les licenciements, un revenu minimum à 1700€ net, la régularisation de tous les sans-papiers, des transports publics gratuits, l’annulation de la dette publique…
«Aujourd’hui, un salarié au smic doit travailler 41ans pour gagner l’équivalent de deux mois de salaire d’un dirigeant du CAC40. Et il faudrait 160000ans de travail à un salarié payé 2000€ par mois pour avoir la fortune d’un Bolloré, l’ami de Sarkozy», affirme Philippe Poutou.
À la tribune, le candidat n’a pas de discours écrit. Il improvise à partir de notes dont il perd parfois un peu le fil, toujours avec le sourire. Cet ouvrier d’une usine automobile près de Bordeaux revendique son statut de «non professionnel» de la politique. De candidat «inconnu» et «venu de nulle part» qui ressemble «juste à des millions de gens qui partagent la même colère et ne veulent plus être la variable d’ajustement du capitalisme mondialisé» .
0,5% d’intentions de vote
Et ces sondages qui le créditent de 0,5% d’intentions de vote? «Désormais, je vais être davantage invité par les télés et les radios et je devrais gagner en visibilité», estime Philippe Poutou, lucide sur la rude concurrence du Front de gauche.
«Ils ont créé une vraie dynamique», reconnaît le candidat du NPA. À la différence de Nathalie Arthaud, l’autre candidat trotskiste, il n’attaque pas frontalement Jean-Luc Mélenchon. «Il n’est pas notre adversaire. On trouve juste que son mouvement reste ambigu par rapport à une éventuelle participation à un gouvernement socialiste. Pour nous, il n’est pas question de revivre l’expérience de la gauche plurielle.»
PIERRE BIENVAULT, à Valence (Drôme)