Secoués par la polémique autour du voile d’une des leurs, les candidats lorrains du NPA pour les régionales se retranchent derrière le choix local des militants du Vaucluse. Le parti de Besancenot doit en débattre.
Démagogie calculée ou erreur de jeunesse ? Officiellement le choix est assumé. «On est ouvert à tout le monde», assure Jean-Noël Bouet, 53 ans, tête de la liste lorraine du Nouveau Parti anticapitaliste, en défendant le choix de présenter une candidate voilée dans le Vaucluse. La réalité, elle, est plus complexe. Réunis hier à Metz pour la présentation de leur liste lorraine pour les régionales, les candidats NPA plaident à mots couverts pour la seconde hypothèse. «On est un jeune parti, même s’il a su transcender la LCR, et l’organisation des listes a été renvoyée aux comités régionaux», expose Jean-Noël Bouet. Le Meusien, éducateur à la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse), temporise : «C’est vrai que ça fait débat jusque dans nos rangs.»«On doit en débattre», confirme, plutôt remonté, le Géromois Eric Defranould, lui aussi ex-LCR, et deuxième de la section Vosges, derrière Fanny Laurent, 33 ans. De fait, le NPA se serait bien passé du soutien de Tarik Ramadan et de l’approbation de Christine Boutin. «On reste un parti laïc, mais cette affaire ? ce détail ? dénote surtout un climat islamophobe alimenté par le débat sur l’identité nationale», tranche Jean-Noël Bouet. Trotsky peut bien se retourner dans sa tombe et Alain Krivine faire, paraît-il, des bonds jusqu’au plafond, l’affaire du voile obscurcit singulièrement ce début de campagne. Au point que Jean-Noël Bouet préfère invoquer les critiques d’un Le Pen pour mieux oublier la condamnation sans appel d’un Mélenchon. C’est par où la sortie ?
Refus d’alliance
Le débat régional ? Hélène Hebenstreit, 26 ans, chef de file de la section Moselle, justifie le refus d’alliance avec la majorité de gauche sortante. «On ne veut pas d’une nouvelle gauche plurielle.» Même avec plus de 5 % des suffrages au soir du premier tour, aucun accord n’est envisageable. Sur le fond, le parti refuse pourtant de confondre gauche et droite. Après Lutte ouvrière et le Front de gauche, le NPA constitue donc la troisième liste d’extrême gauche dans le paysage lorrain. Faute d’un accord rendu possible comme dans onze autres régions. Côté programme, la ligne ne diverge guère de celle de LO, qui aurait décliné l’offre d’une nouvelle fusion après celle opérée en 2004 : interdiction des licenciements et des aides publiques aux entreprises privées, gratuité des transports et création d’un fonds de garantie pour les chômeurs abondé par les entreprises et l’actionnariat. Enfin, le NPA préconise un Smic à 1 500 € et le relèvement de 300 € de tous les salaires.
X. B.
Publié le 09/02/2010
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