Le NPA tient son candidat pour 2012. Pour remplacer Olivier Besancenot, le parti trotskiste cherchait un salarié, jeune, qui soit aussi une femme. Ils ont trouvé Philippe Poutou, 44 ans (contre 37 pour Besancenot ). Ouvrier à l’usine Ford de Blanquefort (Gironde). Ouf ! Inconnu du grand public, ce Bordelais, syndicaliste CGT, n’appartient pas à la direction du NPA. Dans les tuyaux depuis plus d’une semaine, sa nomination par la Conférence nationale qui s’est tenue samedi à Montreuil reste quand même une surprise. Elle sera entérinée dimanche par la direction du parti, mais "il n'y a aucune raison pour que la décision ne soit pas validée", assure Christine Poupin.
Poutou? "Je le connais surtout de nom, pour ses luttes, et mal physiquement", explique Alain Krivine, historique du mouvement et dénicheur d’Olivier Besancenot. Un bon candidat quand même? "J’ai fait quelques meetings avec lui, mais je ne le connais pas assez pour porter un jugement sur lui", note Myriam Martin, une des nouvelles porte-parole du parti.
Le retrait tardif d’Olivier Besancenot a mis le NPA dans l'embarras en lui ôtant son meilleur atout électoral. Dans un parti où "être candidat n’emballe personne", dixit Krivine, voire "fait peur", trouver l’oiseau rare entre début mai et fin juin est une gageure. "On ne le sort pas du chapeau", rassure Sandra Demarcq, membre de la commission des candidatures, et qui connaît Poutou depuis plus de cinq ans.
"Il est discret et combatif"
Candidat aux législatives de 2007 puis aux régionales de 2010, ce père de deux enfants est entré à la LCR il y a un une dizaine d’années. "Il s’est fait connaître par sa lutte acharnée contre les licenciements chez Ford", souligne Sandra Demarcq qui l’a auditionné, avec quelques autres, pendant plus de deux heures dans une sorte de grand oral "sympa", avec apéro. L’homme lui a plu. "Il est discret et combatif. C’est un salarié qui peut facilement dire merde à Marine Le Pen et montrer qu’un ouvrier ça ne vote pas automatiquement FN", se félicite Demarcq.
"Il a l’avantage d’avoir été le porte-parole d’une des rares luttes sur les licenciements qui n’a pas été perdue. Et puis ça nous permet de montrer d’autres visages, c’est bien", renchérit Christine Poupin, autre porte-parole du NPA. Ses partisans espèrent que cette candidature permettra aussi de rassembler le parti après des débats "vifs" et "houleux" sur l’éternelle question de l’unité à gauche. Christine Poupin, partisane de la fin des discussions avec l’autre gauche, et Myriam Martin, plus unitaire, avaient chacune soutenu un texte différent. Moins impliqué dans cette bataille, Phiippe Poutou aura la lourde tâche de relancer un parti également en pleine hémorragie militante.
Arthur Nazaret