«Rien lâcher, tout changer…» Et surtout sortir au plus vite de cette fichue histoire de voile porté par une de ses candidates aux régionales dans le Vaucluse (lire aussi page 26). Avec ce slogan, Olivier Besancenot, tête de liste du NPA en mars en Ile-de-France, a lancé hier sa campagne à la bourse du travail de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), devant une centaine de militants. Avec sa proposition phare de transports gratuits pour tout le monde placardée. Et surtout l’envie de clore un épisode dont lui et son parti se seraient bien passés. «On ne parle que de ça depuis trois jours, mais aujourd’hui, le sujet, c’est la campagne», a expliqué le porte-parole du NPA.
Pour cette campagne, Besancenot veut mobiliser les abstentionnistes, notamment dans les «quartiers populaires» : «Nous voulons essayer de faire en sorte que la face B de l’Ile-de-France se sente mieux impliquée.» Avec cette stratégie, doublée de la candidature en Paca d’une jeune femme voilée, il risque d’alimenter les attaques portées ces derniers jours par les responsables politiques de tous bords. Hier, le patron de l’UMP, Xavier Bertrand, en a remis une couche, taxant le leader du NPA de «provocateur et manipulateur».«On a de leçons à recevoir de personne, lui a rétorqué Besancenot. Quant à ceux qui parlent de coup politique, on leur dit "bravo". Vu le contexte ambiant, je ne vois pas ce que ça peut nous rapporter.»
Pour l’instant, quelques journalistes en plus et des points en moins dans les sondages : selon l’enquête Viavoice pour Libération, réalisée en plein emballement sur la candidate voilée, la popularité de l’ex-candidat à l’Elysée tombe à 43% d’opinions positives, soit - 4 points par rapport à janvier (1). «Le seul sondage qui compte est celui qui sortira des urnes», se motive Besancenot, dont l’objectif d’atteindre 5% risque d’être compliqué dans une région (l’Ile-de-France) traditionnellement difficile pour le NPA (3,8% aux élections européennes).
Un an après sa naissance, le NPA voit éclater au grand jour un nouveau débat en son sein, laissé en suspens lors du congrès de fondation. Ce voile venant troubler des militants attachés aux valeurs laïques et féministes. «Quel parti n’a pas ses propres contradictions ? défend Besancenot. On a des débats, on ne s’en cache pas. Certains disent que ça nous décrédibilise. On pense que, sur le long terme, c’est une force. Oui, le NPA a des doutes. Mais il discute et continue à avancer.» Dans un pari risqué.
(1) Sondage réalisé les 4 et 5 février par téléphone, auprès de 1 009 personnes.
Lilian Alemagna.