BORDEAUX, 25 juin 2011 (AFP) - Philippe Poutou, désigné candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) pour la présidentielle, est un ouvrier qui s'est fait connaître à travers le combat qu'il mène depuis des années à la CGT pour la sauvegarde des emplois au sein de son usine Ford de Blanquefort (Gironde). Contrairement au populaire Olivier Besancenot, que beaucoup de cadres du parti ont poussé à se présenter pour la troisième fois à la présidentielle Philippe Poutou est un total inconnu du grand public et "même d'une partie de la direction du parti", s'inquiètent certains de ceux qui, au NPA, entendent poursuivre à l'avenir les discussions avec le Front de gauche (FG). D'ailleurs, selon Christian Picquet, un ancien de la Ligue communist révolutionnaire (devenue NPA) ayant rejoint le FG de Jean-Luc Mélenchon, M.Poutou, qui fut un temps proche de Lutte ouvrière, fait "partie de l'aile la plus sectaire du NPA, la plus hostile à tout dialogue avec le reste de la gauche et à toute forme d'accord et d'alliances avec le Front de gauche". Très pugnace, cet homme de 44 ans a en tout cas toujours su mener de front aussi bien ses activités syndicales que politiques. "Grâce à son charisme, il a su grimper rapidement les échelons (dans ces deux organisations) pour lesquelles il se rend disponible 7 jours sur 7", souligne un de ses camarades de la CGT. Aujourd'hui, il est secrétaire CGT de Ford Aquitaine Industrie (FAI) alors que pour le compte du NPA, il s'est déjà présenté à trois élections, comme tête de liste aux élections régionales de 2010 (2,52% des voix) ainsi qu'aux européennes pour le Sud-Ouest en 2009 et aux législatives en Gironde en 2007 sous l'étiquette LCR. C'est à partir de 2007 que le nom de Philippe Poutou, alors délégué CGT à l'usine, a commencé à apparaître dans les médias, quand Ford a annoncé la fin de la production en 2010 de boîtes automatiques sur le site de Blanquefort faisant planer des menaces pour l'emploi de quelques 2.000 salariés. Toujours disponible, excellent orateur, cet homme au look très décontracté s'est vite imposé comme un interlocuteur privilégié des journalistes au sujet de l'avenir de ce site. Aux côtés d'autres syndicalistes, il a participé à des dizaines de réunions avec la direction ainsi que les représentants politiques de tous bords. Toujours calme, il a, "grâce à son intelligence, toujours su apaiser les esprits", reconnaît un syndicaliste. Parallèlement, ce grand quadragénaire au physique sec a été de toutes le manifestations, dans les rues de Bordeaux comme au salon de l'automobile à Paris, afin de sensibiliser l'opinion sur les menaces pesant sur les emplois de Ford. Toujours volontaire, il se laissait parfois aller à un peu de lassitude devant l'inertie de nombre de salariés qui semblaient baisser les bras face à la fatalité à laquelle il s'est toujours refusé. Le combat a cependant fini par payer, puisque début mai, le géant de l'automobile américain a confirmé un plan industriel permettant de pérenniser 955 emplois au sein de FAI. Mais ce n'est pas pour autant qu'au cours de toutes ces années, il a laissé tomber son métier d'ouvrier au sein de l'usine dans laquelle il a été embauché au début des années 2000, après un grand nombre d'années d'intérim. Ainsi, tous les matins, cet ouvrier aux cheveux grisonnants sur un front dégarni a continué d'arriver à 6H00 pour prendre son poste de réparateur de machines-outils dans l'usine. Très simple et facilement à l'aise, il mène une vie tranquille à Bordeaux auprès de sa compagne et leurs deux enfants. juf/od/rh/fm