France-Soir : Comment se passe le début de votre campagne pour l'élection présidentielle ?Philippe Poutou : Tout d'abord, j'aimerais rappeler que je ne suis pas un professionnel de la politique et que je travaille toujours comme ouvrier, à mi-temps, à l’usine Ford de Blanquefort. Ma campagne, c’est avant tout des rencontres avec ceux qui luttent contre les licenciements et les injustices, pour un monde meilleur. Les réunions publiques sont autant d’occasion de discuter avec celles et ceux qui subissent de plein fouet la crise et sont à la recherche de solutions.F.-S. : Où en êtes-vous avec vos parrainages ?Ph. P. : Actuellement, nous avons 345 promesses de parrainages. Je tiens à rappeler que le parrainage est une caution démocratique, pas un soutien politique, contrairement à ce que veulent faire croire tous ceux qui sont favorables à la réduction du nombre de candidatures.F.-S. : Ne souffrez-vous pas d'un manque de médiatisation par rapport à d'autres candidats ?Ph. P. : Il est vrai qu’un ouvrier, qui n’a pas fait carrière en politique, est moins connu que les professionnels de la politique ! En tant qu’ouvrier, je sais de quoi je parle quand j’évoque ceux d'en bas, la « France qui se lève tôt » dont parlait Sarkozy en 2007. Au NPA, nous faisons de la politique pour que les opprimés s’occupent de leurs affaires, pour défendre leurs intérêts au quotidien. On voit bien où nous mène le fait de laisser la gestion de la chose publique à quelques politiciens sans contrôle, si ce n’est celui des grands noms de la finance, des banques et de l’industrie. C’est une catastrophe majeure !F.-S. : Hervé Morin a déclaré qu'il pourrait renoncer à se présenter s'il était encore à 1% d'ici mi-mars par crainte de favoriser Marine Le Pen. Pourriez-vous faire la même chose ? Ph. P. : Le NPA présente un candidat pour toutes celles et ceux qui pensent qu’il faut chasser Sarkozy car c’est le minimum syndical, mais qui sont également convaincus qu’il faut une alternative à la politique du Parti socialiste et que Hollande n’est pas la solution. Austérité de droite ou austérité de gauche, je suis contre ! C’est pour permettre à toutes celles et ceux qui votent d’exprimer ce point de vue que je suis candidat et que je le resterai. Par ailleurs, alors que la démagogie populiste de Marine Le Pen semble gagner du terrain, il est plus que jamais nécessaire que s’y oppose une voix ouvrière anticapitaliste. F.-S. : Quel est votre sentiment sur les prestations remarquées de Jean-Luc Mélenchon ? Est-il le vrai représentant de l'extrême gauche aujourd’hui ?Ph. P. : Pour être le candidat de l’extrême gauche, il faudrait que Jean-Luc Mélenchon refuse clairement d’être membre de la gauche officielle, qu’il refuse d’être dans un gouvernement ou une majorité avec le PS, une nouvelle mouture « d’union de la gauche ». Une majorité avec François Hollande ne peut en aucun cas permettre à ceux d’en bas - les salariés, les jeunes, les chômeurs, les retraités - de sortir de la crise qu’ils subissent aujourd’hui. Cette ambivalence se retrouve dans son programme. Il ne propose nullement par exemple d’annuler la dette, mais simplement de la réaménager.