Publié le Mardi 10 avril 2012 à 19h38.

Philippe Poutou, facteur remplaçant (Le Progrès)

Le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste sait où il sera le 2 mai au matin. « À l’usine ». Le congé sans solde d’un mois et la semaine de congés payés accordés par son employeur, Ford France, s’achèvent à la fin du mois.
L’ouvrier-candidat au nom de nounours de bébé repliera ce drapeau rouge qu’il semble porter comme une croix pour enfiler le bleu de travail. À l’entendre d’ailleurs, son vrai boulot lui manque : « Ma vie ce n’est pas d’être sénateur ou député ! C’est ma première et ce sera ma dernière campagne présidentielle. C’est usant. Mais ceux qui trinquent dans ce pays ont bien besoin d’un porte-parole ». Lui n’en a plus de porte-parole depuis que la camarade toulousaine Myriam Martin l’a plaqué en rase campagne pour filer chez Mélenchon juste après l’obtention difficile des 500 signatures. Un coup de grâce pour sa candidature mal embarquée dès le début, et pour le NPA, en perte de vitesse depuis qu’il a investi en 2010 aux régionales une candidate voilée.

Congés sans solde

Issu de l’aile la plus radicale du parti trotskiste qui refuse tout compromis avec la gauche de gouvernement « ce qui me différencie de Mélenchon », ce quadra grand, sec, décontracté, qui paraît plus vieux avec son front dégarni a dû suppléer au pied levé Olivier Besancenot, le facteur le plus populaire et le plus médiatique de France. Poutou fait aussi sympa, plus authentique que le postier mais il n’a pas ni la notoriété ni le sens de la répartie du gavroche du trotskisme.« Je suis un simple ouvrier, un syndicaliste pas un pro de la politique », concède le réparateur de machines-outils. Il a découvert le trotskisme à Lutte Ouvrière avant de basculer chez les cousins ennemis à la fin des années 1990.À Bordeaux, Poutou est pourtant une figure du syndicalisme, un habitué des médias locaux avec qui il se sent très à l’aise. Son fait d’armes, c’est d’avoir mené la bataille pour sauver l’usine de Blanquefort en 2007 au titre de représentant CGT de l’usine Ford : 955 emplois, soit la moitié, ont été maintenus. « L’interdiction des licenciements, ce devrait être dans tous les programmes », insiste-t-il chaque fois qu’il trouve un espace d’expression dans un média moins attiré par son profil que par la gouaille et les formules chocs d’Olivier Besancenot. Le « facteur » a également posé un congé sans solde en avril pour accompagner son « remplaçant » dans ses tournées de candidat. Histoire d’être irréprochable jusqu’au bout, avant qu’on lui pose la question : mais pourquoi n’y es-tu pas allé toi-même ?

Philippe Poutou

- Né le 14 mars 1967 à Villemomble (93).- Signe astral : poisson- Réparateur de machines-outils à l’usine Ford de Blanquefort (Gironde).Il est payé 1 800 € nets par mois, et est délégué CGT.- Représente le Nouveau Parti anticapitaliste (ex-LCR) classé à l’extrême gauche. Première candidature à l’élection présidentielle.- Candidat pour la LCR en 2002 aux législatives en Gironde (2,7 %) et sous les couleurs du NPA aux régionales 2010 en Aquitaine.

L’enfance

En région parisienne dans un milieu modeste, père facteur mère sans profession. Un frère et une sœur agents… de La Poste « comme papa et comme Olivier » [Besancenot, ndlr].

En famille

Pacsé, deux enfants : une fille, et un garçon, lycéens

Les études

Il manque son bac technique en 1985, passant plus de temps à militer contre l’apartheid et dans les milieux anarchistes qu’à étudier. Devient surveillant, se forme en intérim, est embauché par Ford en CDI après plusieurs missions.

À table

Steak grillé pâtes avec un verre de bordeaux.

Les amis, les mentors

Olivier Besancenot, Alain Krivine, fondateur de la LCR, le chanteur Georges Moustaki

Le sport, les loisirs

- A couru des semi-marathons, supporteur des Girondins de Bordeaux.- La lecture complète des œuvres de Victor Hugo et des BD… d’Hugo Pratt.

P. J.