Philippe Poutou porte les couleurs du Nouveau Parti Anticapitaliste (le NPA, ex-Ligue Communiste Révolutionnaire). Dans ce rôle, il succède à Alain Krivine et à Olivier Besancenot. Sans espoir de victoire, il porte une candidature de témoignage.
Où en êtes-vous dans la collecte des parrainages nécessaires à votre candidature?
On est plutôt optimiste. On en est à 460 sur 500.
L'extrême gauche présente deux candidats. N'y a-t-il pas un trop-plein de ce côté de l'échiquier politique?C'est sûr que ce ne serait pas plus mal si on avait réussi à s'entendre avec Lutte Ouvrière. Mais LO préfère faire cavalier seul. Et qu'on soit ensemble ou pas, de toute façon, on n'aura pas le pouvoir. Ce n'est pas comme s'il y avait eu une chance de gagner les élections.Lutte Ouvrière et le NPA se revendiquent du trotskisme. Qu'est-ce qui vous différencie de Nathalie Arthaud?Nous, nous discutons d'une politique unitaire. Nous cherchons à rassembler les forces à la gauche de la gauche pour mener le combat social, préparer les manifs, se battre contre l'austérité et les plans de rigueur. LO ne défend pas du tout cette perspective unitaire. Lutte Ouvrière considère visiblement qu'il faudrait qu'on soit un vrai parti communiste révolutionnaire. Nous, on n'est pas sur ces bases-là. On pense qu'il faut rassembler autour d'un vrai parti anticapitaliste qui regroupe les libertaires, les communistes et des gens qui ne sont ni l'un ni l'autre. Nous voulons une construction large à la gauche de la gauche. Ce n'est pas le cas de Lutte Ouvrière.Les sondages indiquent que le Front National est désormais le premier parti ouvrier en France. Cela vous effraie-t-il?C'est ce qui se dit, mais ça n'a strictement aucun sens. Le premier parti ouvrier de France, c'est l'abstention: 60% à 70% des couches populaires ne votent pas. Dans les 30 à 40% qui votent, le FN en a récupéré une partie. Mais le Front National récupère beaucoup plus du côté des classes moyennes et de la petite bourgeoisie, qui est beaucoup plus marquée à l'extrême droite. Il est de bon ton de dire que la percée du FN vient des pauvres. Il est vrai qu'une partie des couches populaires vote pour le Front National. Mais faire comme si c'était important, c'est une façon de dire, encore une fois, que tout est la faute des pauvres. Le FN est très médiatisé et ce ne sont pas les milieux populaires qui le médiatisent; ce sont les journalistes et les milieux intellectuels. Il n'y a pas besoin des ouvriers pour porter le FN très haut dans les sondages.Appellerez-vous à voter pour le candidat socialiste au second tour?Notre axe de campagne est de dégager Sarkozy et toute sa bande. Pour nous, cette victoire-là serait très importante. Elle pourrait aider le camp des opprimés et lui filer un peu de pêche pour préparer les luttes de demain. La priorité, dans cette élection, c'est de se débarrasser du gouvernement actuel.Si vous étiez élu président de la République, quelle serait votre première décision?Ce serait l'interdiction des licenciements et l'arrêt des suppressions d'emplois dans la Fonction publique. C'est ainsi qu'on pourrait commencer à mettre en place une politique d'éradication du chômage.
- Propos recueillis par Philippe Reinhard