NANTERRE, 25 juin 2011 (AFP) - Philippe Poutou, désigné officiellement samedi candidat du Nouveau parti anticapitaliste à la présidentielle, a la lourde tâche de succéder à Olivier Besancenot, le retrait du populaire postier ayant mis le NPA dans une situation bien délicate. Réunis à l'université de Nanterre en conférence nationale, les délégués ont désigné, après des débats longs et parfois tendus, l'ouvrier CGT de l'usine Ford de Blanquefort (Gironde), à 53% des voix (122 pour, 50 contre, 1 abstentions et 47 n'ayant pas pris part au vote). Un vote serré dans une ambiance de division. Car le vote des congrès locaux coupant quasiment en deux le NPA, a aussi été confirmé : 50,4% des délégués soutenant la ligne "identitaire", contre 40,1% favorables à des discussions avec le reste de la gauche radicale dont le Front de gauche (FG), pour l'après-2012. "Il y a clairement un repli identitaire" dans le NPA, a déploré Pierre-François Grond, homme fort de la minorité. A la tribune, plusieurs militants se sont aussi demandé pourquoi aucune des deux femmes porte-parole, Christine Poupin ou Myriam Martin, n'avait été désignée. Mme Martin, émue, a estimé que la commission des candidatures qui a récemment sorti le nom de M. Poutou, avait été mise en place pour "éviter" la sienne. Le candidat, totalement inconnu "sauf dans (s)on usine", a lui, appelé à une campagne "collective". Celui qui fut tête de liste NPA aux dernières régionales en Aquitaine (2,52%) et aux législatives de 2007 avec la Ligue communiste révolutionnaire (2,7%), aura en tout cas fort à faire pour remplacer Olivier Besancenot, représentant de la LCR en 2002 (4,25%) et 2007 (4,08%). Ce n'est que début mai que le facteur de Neuilly a fait savoir qu'il ne rempilerait pas, face au "piège de la personnalisation". Celui qui faisait l'unanimité au NPA a alors plongé son parti dans l'embarras, très vite tiraillé entre ligne dure pour Mme Poupin (comme M. Besancenot) et poursuite du dialogue avec le FG pour Mme Martin, toujours en totale indépendance du PS. Dans les sondages, M. Besancenot oscillait entre 4 et 11%, devançant systématiquement Jean-Luc Mélenchon (FG). Désormais, le candidat NPA plafonne à 1 ou 2%, loin derrière le coprésident du Parti de Gauche (7 à 10%, CSA). Souhaitant faire "campagne avec ardeur" au côté de son successeur, Olivier Besancenot a récemment rappelé qu'en 2002, alors "jeune facteur" partant à " l'assaut de la politique", il avait "flirté pendant longtemps avec les 1%". Il n'empêche: "ça aurait été plus simple que ce soit encore Olivier", comme "il est très populaire", reconnaît Alain Krivine, même si l'ex-fondateur de "la Ligue" pense qu'un ouvrier automobile, c'est "pas mal, surtout qu'il travaille dans une des rares entreprises où on a sauvé des emplois". Mais dans un NPA passé de 9.000 membres à sa fondation en février 2009 à seulement 3.100 votants aux derniers congrès locaux, certains s'alarment. "On n'est plus très loin de la LCR", déplore M. Grond, proche de Myriam Martin. Mais s'il y a du "découragement chez certains", il n'est "pas question" de scission, assure Guillaume Liégard, de la même tendance. "Il faudrait que Grond et ses amis sachent dire que les voies porteuses d'espoir, c'est le Front de Gauche", souhaite Christian Picquet (Gauch unitaire, ex-LCR). Car, pour lui, "la majorité actuelle s'engage dans une guerre picrocholine avec Lutte ouvrière" sur "l'ultra gauche la plus sectaire". Reste désormais au NPA à trouver les 500 signatures pour se présenter en 2012. "Peut être plus compliqué sans Olivier", confie un cadre. jud/rh/fm