Dimanche dernier, le premier tour des élections régionales est apparu comme le reflet, certes déformé, de la situation sociale et politique du pays, à commencer par une abstention historique nourrie par les colères sociales de ces dernières années…
Abstention contre un système cramé
À peine unE électeuE sur trois est allé voter (contre unE électeurE sur deux lors des régionales précédentes...). Cette abstention atteint même 87% dans la catégorie des 18-24 ans ! Une abstention massive qui touche largement les milieux populaires. C’est peu dire que l’enjeu de ces élections est apparu comme décalé par rapport à la réalité de nos vies.
C’est la crise politique qui travaille depuis longtemps le système de ceux d’en haut qui a éclaté à travers cette abstention historique, illustrant leur illégitimité à diriger la société. Aussi, il y avait vraiment de quoi avoir envie de péter sa télévision dimanche soir en entendant tous ces politiciens professionnels y aller de leur couplet de morale civique et citoyenne, faisant mine de ne pas comprendre que c’est bien eux et leur système qui sont d’abord sanctionnés, et que c’est leur campagne sondagière, totalement hors sol sur le terrain de l’insécurité, qui est avant tout rejetée.
Macron giflé, le danger réactionnaire toujours là !
Dans un tel contexte, les grands perdants de cette soirée électorale sont les dignes représentants du macronisme. Symbole de cette déroute (qui les conduit en moyenne à 11% des suffrages exprimés, soit moins de 4% des inscritEs), l’ancien responsable de la réforme de retraites contre laquelle nous nous sommes battus à l’hiver 2019-2020, Laurent Pietraszewski, n’accède même pas au second tour dans les Hauts-de-France, cela malgré le soutien appuyé de deux barons, Dupond-Moretti et Darmanin…
La rouste prise par Macron et ses représentants n’a — fort heureusement — pas ouvert la voie au danger de la prise de contrôle de plusieurs régions par le Rassemblement national. En tête dans six régions il y a six ans, il ne l’est que dans une seule (en PACA), passant de 28% à 19% à l’échelle nationale. Mais c’est déjà trop, et la menace demeure, qui appelle vigilance et mobilisations, notamment le 3 juillet lors du congrès du RN à Perpignan.
L’arbre un peu vacillant mais toujours présent du RN ne doit pas cacher la forêt réactionnaire de la droite dite « classique », qui lui dispute le plus souvent ses thèmes traditionnels de campagne (la sécurité, l’immigration, bref le racisme...). Droite, droite extrême ou extrême droite… bien malin qui peut en toute clarté en saisir toutes les nuances.
Dans la rue et les urnes, pour une alternative anticapitaliste
Totalement unie en particulier dans les Hauts-de-France et en PACA (moins la FI), tout le panel des combinaisons possibles de la gauche institutionnelle était représenté dans ces élections. L’abstention massive a entraîné une prime aux sortants, avec toutefois un PS qui reste affaibli et contesté par la percée d’EÉLV. Mais de façon globale, y compris quand les listes étaient marquées par une certaine radicalité, les résultats restent faibles.
Les élections ne sont pas le terrain de prédilection du monde du travail. Pour défendre nos intérêts, pour nous représenter nous-mêmes, tout reste à faire. À commencer par construire les mobilisations pour mettre fin aux licenciements et aux suppressions de postes, pour défendre nos droits face aux attaques liberticides, pour résister à l’offensive raciste et islamophobe, pour combattre le prétendu « capitalisme vert » et exiger la justice climatique, pour porter une véritable égalité des droits…
Mettre à la poubelle l’idéologie et le programme commun des classes dirigeantes et des partis à leur service contre notre camp social, exprimer nos intérêts et nous organiser... Des grèves et manifestations jusqu’aux urnes, c’est la voie — anticapitaliste et révolutionnaire — que le NPA souhaite tracer ces prochains mois, modestement mais fermement.
Le mardi 22 juin 2021