Queues devant les stations services, ministres et personnalités politiques aux déclarations hostiles, médias aux ordre totalement en furie… La grève des raffineurs a lancé un important affrontement avec le pouvoir macroniste et les capitalistes qu’il sert. Avec, au cœur de la cible, la multinationale TotalEnergies, qui exploite ses salariéEs et les consommateurs autant qu’elle contribue à ruiner la planète. Tout le symbole du monde de Macron dont on ne veut plus...
Un pouvoir entre gesticulations et menaces
En bon président hostile au monde du travail, Sarkozy déclarait il y une quinzaine d’années : « Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit »... Macron et ses lieutenants seraient bien à la peine de nous ressortir aujourd’hui cette litanie méprisante et mensongère. Mais si la lutte des raffineurs gène de fait la vie quotidienne de millions de personnes, la colère se tourne majoritairement contre les vrais responsables de la situation : les multinationales aux profits faramineux et les politiques qui veulent se montrer forts avec celles et ceux qu’ils pensent faibles — notre camp social — et faibles avec les forts…
« Je suis aux côtés de tous nos compatriotes qui galèrent et qui en ont assez de cette situation », nous a dit Macron ce lundi. Mais, alors que le pouvoir d’achat dévisse depuis plusieurs mois, que n’a-t-il dit ou fait pour que Total partage les 18,8 milliards de profits au premier semestre 2022 (avec à sa tête un PDG qui s’augmente de 52 %) ? Macron et ses amis préfèrent menacer les salariéEs des raffineries qui se battent pour un rattrapage conséquent des salaires face à l’explosion des prix. Ainsi le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, prétend « libérer les dépôts de carburants et les raffineries » et juge la grève et les blocages « inacceptables » et « illégitimes »…
Mardi 18 dans la rue et après on continue !
Dans un tel contexte de mobilisation, la manifestation de dimanche, « contre la vie chère et l’inaction climatique », a été une étape importante, après une première journée de grève interprofessionnelle jeudi 29 septembre. Réunissant des dizaines de milliers de manifestantEs à Paris, et un large panel d’organisations de la gauche sociale et politique, cette marche a constitué de fait un encouragement important aux travailleurs des raffineries, mais aussi à tous les salariéEs de secteurs en lutte, que ce soit dans les centrales nucléaires, dans le commerce, dans l’automobile, etc.
Le gouvernement a lancé des réquisitions chez Total et Exxon (Esso), une atteinte au droit de grève qui a mis le feu aux poudres. La journée de grève interprofessionnelle appelée ce mardi 18 octobre par la CGT, Solidaires, FO et la FSU reste la meilleure des réponses. Mais au-delà de la solidarité nécessaire avec les raffineurs en pointe de la mobilisation, l’enjeu de cette nouvelle journée est bien de rassembler dans la lutte le maximum de salariéEs qui veulent se battre pour le partage des richesses, qui passe par des augmentations importantes de salaires. Et c’est bien le problème d’avancer dans la construction d’une grève générale – réunissant les travailleurs du public comme du privé – qui est posé pour ces prochains jours, ces prochaines semaines. Avec, dans ce cadre, la nécessaire extension de la mobilisation à d’autres secteurs, dans les transports en particulier. Battre le fer tant qu’il est chaud, se réunir partout pour discuter et décider des suites à cette journée de mardi devient impératif pour pousser notre avantage.
La fragilité dont fait preuve le pouvoir, qui se voit aussi à sa faiblesse à l’Assemblée nationale (une majorité minoritaire...), doit également nous servir à avancer des perspectives sur le terrain politique. Une gauche de combat, liée aux mobilisations, utile pour la lutte des classes et pour la rupture avec le capitalisme, c’est une nécessité.
Le lundi 17 octobre 2022