Une vingtaine de militants du Nouveau parti anticapitaliste ont ouvert les produits pour les proposer aux clients de l'hypermarché.
« Une petite chouquette ? » Face à la boîte tendue par l'une des militantes du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui a envahi les rayons du magasin Auchan Amiens Sud pour une dégustation sauvage, hier après-midi à Dury, cette cliente hésite à peine. « Je suis d'accord avec eux : la vie est trop chère, confie-t-elle. Je suis éducatrice, je fais donc partie de la classe moyenne, et c'est devenu très dur. » S'appuyant sur un article de loi, « on a le droit de goûter avant d'acheter », assure la vingtaine de membres du NPA en ouvrant les boîtes des produits sous le regard médusé des passants. Cette opération de « grande redistribution de la grande distribution » fait suite à une première organisée il y a un mois au magasin Carrefour d'Amiens-nord.
« Ras-le-bol de payer, payer, payer »
« C'est pas à nous de payer la crise ! » scandent les militants. « C'est très bien, ils devraient faire ça plus souvent », approuve un couple en mordant dans des fraises. « Tout le monde en a ras-le-bol de payer, payer, payer, confirment trois mamans spectatrices de la scène. On a l'impression que la crise a bon dos et qu'on s'en sert pour augmenter les prix. Mais nos salaires, eux, n'augmentent pas. »Évidemment, ce manège n'a pas été du goût des vigiles, ni de certains salariés d'Auchan. « Je suis dégoûtée, ils ont saccagé le travail de mes employés », enrage une chef de rayon.Dominique Dupont, directeur de l'hypermarché, tente de convaincre les intrus : « On a baissé les prix, venez voir ! », assène-t-il en emmenant ses interlocuteurs devant le rayon des primeurs, « où huit fruits et légumes sont en permanence à moins d'un euro ».
La direction du magasin va porter plainte
Après un défilé bruyant devant les caisses du magasin, les militants du NPA ont fini par partir. « Je suis désolé parce qu'on va devoir jeter tous les produits périssables qu'ils ont ouverts et je trouve navrant qu'ils mettent à mal le travail de 500 personnes, qui vont devoir en payer les conséquences, en toute impunité », peut souffler Dominique Dupont. Même si l'article 1587 autorise tout consommateur à goûter les denrées avant d'acheter, le directeur du magasin promet un dépôt de plainte. « On va regarder les images de nos caméras car le problème, c'est qu'ils n'ont rien acheté. » À la suite de la précédente action menée chez Carrefour, un membre du NPA était d'ailleurs convoqué vendredi au commissariat de police d'Amiens.
Gweltas Morice