Pour François Fillon, l’homme qui prétendait annoncer à l’avance les mesures impopulaires qu’il allait prendre, le déni et le mensonge sont désormais la seule manière de tenter de sauver une campagne en perdition.
Il veut faire croire à ceux qui ont entendu Pénélope Fillon dire qu’elle ne s’occupait jamais des affaires de son mari, qu’ils se sont trompés. Il tente de faire croire aux millions de téléspectateurs qui l’ont entendu exposer son projet de santé à deux vitesses, qu’ils ont été victimes d’hallucinations, et qu’il aurait « juste posé une question légitime » (sic !).
C’est prendre celles et ceux pour qui l’accès aux soins est chaque jour plus difficile, pour des gogos et des imbéciles.
François Fillon, est obligé tenir compte du rejet massif de ses propositions. Aussi remplace-t-il les anciennes annonces, précises, de la « primaire à droite », par un nuage de fumée, et quelques mesurettes (remboursement des lunettes pour les enfants, aide à la complémentaire santé pour les retraités…) censées donner un verni « social » à la destruction programmée du système de santé.
Il n’explique à aucun moment comment « le niveau de prise en charge des dépenses de santé,[par la Sécurité sociale] ne diminuera pas », et comment il ramènerait à zéro les dépenses à la charge du patient pour les prothèses auditives et les dépassements d’honoraires, en 5 ans.
En réalité, sans le dire, le projet annoncé lors de la primaire à droite reste en arrière plan : basculer une partie croissante des soins, vers les assurances et les réseaux de soins concurrentiels privés. Il est confirmé par la mise en place d’une « agence de garantie de la couverture des dépenses de santé » commune à la Sécu et aux assurances.
Tout au plus Fillon concède t il que les assurances complémentaires n’augmenteraient pas « abusivement ». Mais ou commence l’ « abus » pour le châtelain de Sablé sur Sarthe ?
Par contre, dans sa course à l’échalote derrière Marine Le Pen, Fillon maintient fermement sa proposition honteuse de suppression de l’AME pour les étrangers en situation irrégulière, qui rappelons le représente 0,7% des dépenses de santé !
Face aux manque de personnel, criant dans les hôpitaux, Fillon esquisse un recul qui n’en est pas un : le non remplacement des emplois publics ne concernerait que les agents administratifs (merci pour les administratifs et les patients qui, par exemple, doivent attendre des mois des comptes rendus d'examens) et le retour aux 39 heures se ferait « progressivement », après négociation….mais aurait quand même bien lieu !
Les personnels hospitaliers ont donc toutes les raisons de ne pas se laisser endormir, et de participer aux grèves, et à la manifestation nationale du 7 Mars à Paris, pour défendre leurs emplois, leurs conditions de travail, leurs salaires, et un service public hospitalier de qualité pour tous.
Bordeaux, le 21 février 2017