Les familles syriennes de Saint-Ouen en se regroupant ont mis en lumière ce que vivent tous les demandeurs d’asile isolés avant de se rendre en préfecture et avant leur enregistrement à l’OFPRA : l’errance sans droit aucun. Une cinquantaine de familles avec enfants ont trouvé refuge au Parc Edouard Vaillant après un long périple de plusieurs mois, notamment à travers l’Egypte, l’Algérie et le Maroc. Rescapés de la barbarie du régime syrien, elles relèvent du droit d’asile.
La direction de l’Office pour la Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), seul compétent en matière d’examen des demandes d’asile, s’est rendue sur place mardi 22 avril et s’est engagée à examiner rapidement les demandes déposées par les familles. C’est un point positif et encourageant en ce qui concerne la situation administrative et la protection juridique de ces familles. Et un dispositif ad hoc a été mis en place à cette fin. La mairie de Saint-Ouen a en parallèle saisi cette opportunité pour renvoyer les familles du square, désormais fermé, au trottoir.
La question posée par les Syriens de Saint Ouen exigeait une réponse sociale et sanitaire urgente, rendue criante par la présence d’enfants en bas âge, de femmes enceintes et de personnes lourdement traumatisées. La solidarité leur est venue de la population de Saint Ouen et des environs, d’associations et de militants qui ont tout mis en œuvre pour atténuer quelque peu leurs souffrances. Il a fallu la médiatisation de la situation pour que les pouvoirs publics compétents en matière d’accueil des demandeurs commencent à recevoir des promesses d’hébergement subordonnées au dépôt de leur demande d’asile.
C’est donc à leur infinie patience et à la solidarité que ces familles doivent cette victoire en demi teinte. Ce petit succès ne peut en aucun cas évacuer la question de fonds qui sera reposée dès demain, avec l’arrivée de nouveaux demandeurs d’asile : le dispositif d’hébergement des demandeurs d’asile et les solutions de type Samu Social étant saturés, il y aura d’autres Saint-Ouen. L’Etat se doit de prendre des mesures pour rendre automatique l’accès aux Centres d’Accès aux Demandeurs d’Asile. Dans l’attente, il se doit de prévoir des hébergements d’urgence. Alors que des pays pauvres comme le Liban ou la Jordanie font d’énormes efforts pour recueillir chacun près d’un million de réfugiés syriens, il est particulièrement indigne de voir comment les autorités françaises traite les quelques centaines de ceux qui parviennent, au prix des pires difficultés, à rejoindre notre pays.
Montreuil, le 25 avril 2014