Avec la disparition de Maya Surduts, nous perdons une militante féministe hors pair, connue dans de nombreux pays pour son dynamisme, sa détermination et un sens de l’initiative remarquable. Après son retour de Cuba, au lendemain de Mai 1968, elle s’est s’investie à fond dans le nouveau mouvement féministe. Elle a été de tous ses combats, notamment en faveur du droit à l’avortement et à la contraception libres et gratuits, notamment au sein du MLAC (entre 1973 et 1975) ou de la Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception (CADAC), depuis les années 1990, ou contre le viol et les violences.
Contrairement à d’autres féministes, elle a toujours lutté pour l’indépendance du mouvement féministe face aux gouvernements de droite comme de gauche. Elle a milité à différentes reprises dans les organisations de la gauche radicale comme Révolution puis, bien plus tard, au sein de la Ligue Communiste révolutionnaire, sans y trouver sa place. Elle a été de celles qui ont toujours cherché à élargir les bases sociales du mouvement féministe en liant ce dernier aux grands mouvements sociaux comme celui de 1995, en organisant la solidarité avec la lutte des salariées (comme celle par exemple des infirmières en 1989), des chômeuses ou des femmes immigrées.
Elle se préoccupa en permanence de redynamiser le mouvement féministe en France en suscitant la création de nouvelles associations notamment le Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) en 1996, dans une perspective très unitaire. Elle n’a jamais mesuré sa solidarité avec les féministes mobilisées ou persécutées du monde entier. C’est pourquoi, dans les dernières années, elle a essayé de mener de front la lutte contre la mondialisation capitaliste, contre le racisme et l’extrême droite mais aussi contre les intégrismes religieux. Rien de ce qui concernait le sort des femmes ne lui était indifférent. Et personne ne pouvait rester indifférent face à la forte personnalité de Maya Surduts dont la mort laisse un vide considérable.
Montreuil, le 14 avril 2016