À cette heure, le gouvernement est incomplet mais il donne déjà une orientation politique extrêmement claire : une équipe de forceurs pour une politique ultra-libérale, ultra-réactionnaire et ultra-autoritaire.
Derrière le visage jeune et lisse du communiquant Gabriel Attal se bousculent des hommes surtout et des femmes dont la trajectoire personnelle est éminemment politique. Du « ni droite ni gauche » en passant par le « en même-temps », on arrive au « à droite, à fond » !
Attal, dernier – avec Stéphane Séjourné – des jeunes loups socialistes qui avaient rallié Macron, l’incarne pleinement. Lui qui a fait du mot « autorité » son mantra, décliné au ministère de l’Éducation avec entre autres la circulaire islamophobe de rentrée 2023 ou les fantasmes autour de l’uniforme, jusqu’à la visite d’un commissariat avec Darmanin ces derniers jours. Lui qui, au soir de sa nomination énonçait la solidarité avec à une victime d’inondation : « Vous êtes l’incarnation de cette France qui travaille, laborieuse, qui se lève tôt le matin » en clin d’œil à Sarkozy…
Attal prétend « emmener la cause de l’école à Matignon », mais pour donner quel modèle à la jeunesse ? Darmanin, accusé de viols, à l’Intérieur ; Dupont-Moretti, relaxé d’un conflit d’intérêts parce qu’il l’a fait « sans intention », à la Justice ; Rachida Dati, mise en examen pour corruption, parachutée à la Culture ; Catherine Vautrin, homophobe patentée au ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités (dans cet ordre) ; Aurore Bergé, stigmatisante contre les familles monoparentales, aux sorties de route islamophobes, qui invite des personnalités transphobes, désormais à l’Égalité entre les femmes et les hommes. Et pour boucler la place centrale de l’Éducation, la ministre de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques s’occupera de l’école à ses heures perdues !
Et dans quel objectif déployer un tel aréopage - si resserré qu’il cache mal la déshérence des troupes macronistes mais aussi la volonté de Macron de concentrer les pouvoirs ? « Faire barrage au RN », ringardiser Marine Le Pen et concurrencer sur son terrain Jordan Bardella, nous expliquent à longueur d’antenne les éditorialistes si perspicaces. Le NPA lui, ne connaît pas les circonvolutions du cerveau de Macron mais se détermine sur les actes. Or, le 12 novembre c’est Macron qui a, de fait, intégré le RN et Reconquête d’Éric Zemmour dans « l’arc républicain ». Le 19 décembre il faisait voter par son groupe parlementaire avec les députéEs des Républicains et de Le Pen une loi raciste et xénophobe contre les étrangerEs.
Le choix de mettre en œuvre une partie des orientations de l’extrême droite, a fait ses preuves : crédibiliser les préjugés qui lui tiennent lieu d’idées, surfer sur les peurs, valoriser les rapports de domination. Bref préparer le terrain de l’extrême droite en s’employant à disqualifier et marginaliser celles et ceux qui, de la gauche politique et sociale, tentent de résister. Dans un contexte historique différent, celui de l’Allemagne des années 1930, comme dans de nombreux pays aujourd’hui, l’expérience montre que l’extrême droite devient le recours des dominants lorsque leur personnel politique traditionnel a perdu toute légitimité. Ce sont bien les institutions de la Ve République qui ont jusque-là permis à Macron de préserver une façade de pouvoir, même sans majorité politique. Les crises politiques à venir vont poser l’urgence des ruptures institutionnelles, économiques et politiques pour empêcher l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Autrement dit, la nécessité de construire un projet de rupture anticapitaliste, écosocialiste et internationaliste.
C’est ce à quoi le NPA veut œuvrer, en portant aussi cette perspective aux côtés des militantEs qui ne renoncent pas au combat. Et cela commence dans la rue pour construire le rapport de force pour le retrait de la loi Darmanin et pour affirmer la solidarité avec le peuple palestinien.
Montreuil, le 12 janvier 2024