Il y a un peu plus d'un an, la ministre de la Santé Agnès Buzyn annonçait que « l'hôpital entreprise, c'est fini ». Elle prétendait ainsi répondre aux conséquences dramatiques, tant pour les personnels que pour les malades, de la gestion de l'Hôpital comme une entreprise. Elle annonçait un nouveau mode de financement de l'hôpital public et nommait une « task force » chargée de lui faire des propositions… Celles-ci viennent d'être remises aujourd'hui à la ministre, et le moins que l’on puisse dire est que le rapport Aubert montre les capacités d'imagination sans borne de la bureaucratie ministérielle quand il s'agit d'imposer plus d'austérité et de liquider l'hôpital public.
Au moment où la mobilisation des Gilets jaunes place dans ses revendications la défense des hôpitaux publics et leur financement en fonction des besoins, les propositions remises à la ministre se situent, à l'inverse, dans la perspective de nouvelles compressions des dépenses de santé (+ 2,3 % d'augmentation alors que le seul maintien des moyens actuels supposerait + 4 %…). Sous couvert de « paiement à la qualité et à la pertinence », de « paiement au suivi » et de « paiement groupé à la séquence de soins », le rapport Aubert propose d'inciter financièrement les hôpitaux à renvoyer les patients vers des bricolages locaux : des « Communautés professionnelles territoriales de santé », faisant essentiellement appel à des médecins libéraux alors même que l'exercice libéral de la médecine est à bout de souffle et que s'étendent les déserts médicaux. Comme le proposait Olivier Véran, député de La République en marche, les urgences hospitalières pourraient recevoir un bonus… si elles ne prennent pas en charge certains patientEs ! Une manière radicale de « désengorger les urgences »... De même, la Sécurité sociale pourrait ne plus payer certaines réhospitalisations jugées abusives.
Loin de redonner sa place à l'hôpital public, les préconisations de la « task force », si elles étaient suivies, constitueraient une nouvelle attaque gravissime contre l'hôpital public et l'accès aux soins pour touTEs. Quant à la psychiatrie, déjà parent pauvre de la santé, son financement relèverait d'une nouvelle « usine à gaz » technocratique qui détruirait un peu plus le service public de santé mentale.
Blouses blanches, syndicats et Gilets jaunes… La mobilisation doit être rapide pour empêcher la ministre de traduire en actes les idées destructrices de la « task force ».
Montreuil, le 29 janvier 2019