Lors d'une conférence de presse tenue ce matin, 3 Février, la Fédération Hospitalière de France, qui est de fait la fédération patronale des directeurs d'Hôpitaux publics, a dévoilé 50 propositions adressées aux candidats à l'occasion de l'élection présidentielle.
Les directeurs d'Hôpitaux ont été en première ligne aux cours des dernières années pour restructurer, fermer, s'attaquer aux acquis des personnels avec une brutalité qui n'a rien à envier à celle de leurs collègues du secteur privé, comme à l'AP HP ou à Caen. Partout ils sont confrontés à l'épuisement professionnel et à la multiplication des résistances locales des personnels.
Ils tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme et refusent désormais d'assumer seuls la responsabilité de restrictions dans la santé. Ils ne remettent pas en cause l'austérité, mais ils veulent la voir mieux partagée avec les acteurs privés (cliniques et médecins libéraux). Ils demandent par exemple que les gardes essentiellement assurées par les hôpitaux mettent davantage à contribution les médecins libéraux et les cliniques privées. Ils semblent "oublier" qu'une réduction de la place de l'Hôpital public dans le système de santé se traduira pour de nouvelles coupes sombres dans les crédits hospitaliers et accélérera sa privatisation.
Ils demandent en même temps, plus "d'autonomie" pour pouvoir gérer davantage encore leurs établissements, comme de vrais "managers". Ils veulent aussi renforcer le regroupement et la suppression de services au sein des "Groupements Hospitaliers de Territoires" créés par la loi Touraine.
Au lieu de s'attaquer au mal, les "remèdes" préconisés par la FHF ne font que l'aggraver. Ils reviennent à accélérer et aménager la privatisation du système de santé, avec toutes les conséquences que cela aura pour les malades et pour les professionnels.
Les solutions que nous préconisons, sont à l'exact opposé.
Il ne faut pas réduire la place du service public dans le système de santé, il faut au contraire élargir ses missions en passant de l'Hôpital Public à un véritable service public de santé.
Cela signifie à la fois le maintien des établissements de santé existants, avec les moyens nécessaires à leur fonctionnement et la réouverture des établissements de proximité (avec service des urgences, service de chirurgie, maternité). Pour cela un plan "emploi formation" avec la création de 120 000 postes dans les hôpitaux publics est indispensable.
Cela suppose aussi la création, sur tout le territoire, en commençant par les "déserts médicaux" où les médecins sont rares, de centres de santé publics gratuits, fonctionnant, avec du personnel public, 24h/24 et travaillant en liaison étroite avec l'hôpital.
C'est autour de ce dispositif public, entièrement financé par la Sécurité sociale que doit s'organiser l'ensemble de notre système de santé, pour remplir l'ensemble de ses missions de préventions de soins et de suivi des patients.
Mais cela suppose, et c'est là le fond du problème, de mettre fin aux politiques d'austérité dans la santé, ce qui passe par la fin des 30 milliard d'exonérations de cotisations sociales, dont 3 milliards de ponction sur les hôpitaux publics du pacte de responsabilité. Mais aussi par l'abrogation des lois "Bachelot" et "Touraine" qui organisent la restructuration et la privatisation du système de santé, et la transformation de l'Hôpital en entreprise.
C'est pour cela que je soutiens la mobilisation des personnels de santé et des usagers, qui manifesteront avec les organisations syndicales et les associations d'usagers, le 7 mars prochain à Paris.
Bordeaux, le 3 février 2017