L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) vient de demander à EDF l’arrêt de la centrale du Tricastin (Drôme), compte tenu du risque de rupture du canal de Donzère-Mondragon qui longe le site nucléaire. Cette décision s’impose bien évidemment. Mais vis-à-vis des médias et de l’opinion publique, elle prépare sans doute aussi le terrain pour trois autres décisions importantes à venir pour lesquelles l’ASN, avec ses cinq commissaires placés sous la coupe d’Emmanuel Macron, fera moins preuve d’indépendance et d’intransigeance :
- la validation de la cuve de l’EPR de Flamanville, malgré des défauts avérés ;
- l’autorisation de construction de l’installation de stockage de déchets hautement radioactifs à Bure, malgré les nombreuses réserves formulées ;
- la prolongation de 40 à 60 ans des centrales EDF, malgré des dossiers falsifiés à l’usine AREVA du Creusot sur des composants essentiels des réacteurs.
L’ASN s’apprête en effet à ouvrir la voie du gouvernement à la signature des décrets correspondants. Là encore, la volonté du gouvernement de passer ces décrets ne fait aucun doute. Emmanuel Macron est un pro-nucléaire assumé et Edouard Philippe ancien lobbyiste d’AREVA, est à la tête du gouvernement. La nomination comme faire-valoir de Nicolas Hulot ne doit pas faire illusion : les intérêts économiques primeront sur la vie des salarié(e)s du nucléaire et des populations.
Au Tricastin, le risque d’une rupture de digue est identifié depuis 2007 et les conclusions des études sismiques connues depuis un an au moins. L'ASN les rappelle opportunément maintenant alors que l'arrêt s’imposait bien avant. Toujours pour les risques d'inondation, la possibilité d'une rupture d’un barrage amont du canal de Donzère-Mondragon en cas de séisme ou d'accident, est passée sous silence. En 1998, la porte amont d’une écluse du canal a cédé ; la catastrophe a été évitée de justesse car la porte aval a heureusement résisté !
Sur le site du Tricastin (le plus étendu d’Europe), en plus des 4 réacteurs EDF, 6 usines nucléaires Areva sont aussi vulnérables en cas d'inondation, ainsi que 2 installations Seveso. On sait depuis Fukushima qu’un effet domino est possible : une catastrophe chimique (nuage de gaz toxique d'hexafluorure d'uranium) compliquerait davantage l'intervention des équipes EDF et Areva en cas d'accident(s) nucléaire(s). Et des gazoducs longent le site et passent sous la digue en amont …
Personne n’oublie non plus que les 2 réacteurs EDF de Fessenheim, avec le grand canal d’Alsace, sont dans le même cas que la centrale du Tricastin. Tout ceci montre que, au vu de la densité d’installations nucléaires et industrielles voisines, en France le risque nucléaire est partout.
Pour éviter une catastrophe, l’urgence d’un arrêt du nucléaire – avec un scénario réaliste en moins de 10 ans comme celui élaboré par le NPA – n’est pas simplement une revendication crédible mais une absolue nécessité.
Montreuil, le 29 septembre 2017