Appel à la marche de nuit du 7 mars 2022 de la Coordination féministe d'Île-de-France
Cette année, la journée internationale de lutte pour les droits des femmes et minorités de genre s’inscrit dans un contexte de crises sanitaire, écologique, économique, sociale et politique, mais aussi dans une année d’élection présidentielle où l'on assiste à une montée en puissance de l'extrême droite et une diffusion de ses idées mortifères.
Depuis deux ans, nous assistons à une gestion irresponsable de la pandémie, qui a entraîné la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes. Ces morts n’étaient pas inévitables mais relèvent de choix politiques délibérés qui précarisent, vulnérabilisent et sacrifient toujours les mêmes personnes : les plus précaires, les personnes racisées, handicapées et immunodéprimées en premier lieu. Dans ce système capitaliste, les intérêts privés sont toujours protégés au mépris de l’intérêt général et les crises successives ne font qu’enrichir les plus riches et appauvrir les plus pauvres.
D’autre part, au cours des dernières décennies, nous avons vu s’amplifier et se banaliser les discours racistes, islamophobes, antisémites, LGBTQIphobes, misogynes, eugénistes, grossophobes, sérophobes, putophobes et validistes qui corrompent et monopolisent le débat public. L’antisémitisme et l’asiaphobie se sont encore renforcés pendant la pandémie avec l’essor et la diffusion des idées complotistes. La destruction méthodique des droits et des acquis sociaux est indissociable de l’accentuation des violences et des discours de haine. Les luttes féministes sont instrumentalisées, aussi bien par les extrêmes droites que par le gouvernement, à des fins racistes et islamophobes.
Tout cela renforce les inégalités sociales, les discriminations et les violences envers les minorités. Depuis deux ans, les signalements de violences conjugales ont explosé : les appels au 3919 ont triplé en avril 2020, par rapport aux mois précédents. On compte 125 féminicides en 2021, dont 4 travailleur-ses du sexe assassiné-es et/ou poussé-es au suicide. Les attaques islamophobes se multiplient, légitimées par des propositions de loi comme la loi séparatiste ou celle qui vise à exclure les femmes portant le foulard lors des compétitions sportives. L’activation de critères de triage eugénistes pendant la pandémie et la transversalité des discours pour justifier la ségrégation sociale des enfants handicapé-es ont révélé le validisme profond de notre société. Les personnes migrantes sont réprimées, la France ne respecte pas leurs droits fondamentaux, elles sont traquées, poussées à la clandestinité, lieu de tous les asservissements contre hébergements ou maigres ressources.
Dans le foyer hétérosexuel, la dépendance économique structurelle des femmes aux hommes rend d’autant plus difficile d’échapper aux violences conjugales et intrafamiliales. En renforçant notre isolement, ce système d’emprise met nos vies en danger. De plus, la destruction des services publics alourdit les charges (domestiques, mentales et émotionnelles) qui pèsent déjà sur les femmes et minorités de genre et nous renvoient à la place à laquelle on voudrait nous assigner : le foyer.
C’est pourquoi, en tant que Coordination Féministe d’Ile de France, nous appelons à la grève à partir du 7 mars 2022 18h et jusqu’au 8 mars minuit. Nous appelons à stopper tout travail productif et reproductif (travail domestique, de soin…) dans nos foyers comme sur nos lieux de travail et d’études.
Ouvrons la grève en reprenant la rue lors de la nuit du 7 mars 2022.
Reprenons la rue, ensemble allons marcher pour nous et contre ceux qui continuent à nous agresser, violer, tuer. Contre ceux qui veulent nous voler le droit à l'égalité, l'indépendance et l’autodétermination.
Parce que, face à ces violences, nous avons besoin de prendre conscience de notre force collective, nous avons décidé cette marche en mixité choisie, c'est-à-dire sans hommes hétéro cisgenres.
Pour construire des mouvements sociaux véritablement émancipateurs, refusons le dévoiement de nos luttes par les extrêmes droites et plaçons cette marche sous le signe de l’antifascisme.
Affirmons notre féminisme, un féminisme qui part de qui nous sommes, nous, femmes, personnes transmasculines, handi-es, racisé-es, travailleur-euses du sexe, avec ou sans emploi, avec ou sans papier. Affirmons notre vision d’un féminisme radical, anticapitaliste et révolutionnaire.
Mobilisons-nous le 7 mars, réapproprions-nous cet espace et faisons entendre nos cris.
La Coordination Féministe d'Île de France