Les « Pandora Papers » ont de nouveau mis en évidence le scandale de la fraude et de l’évasion fiscales des plus riches et plus puissants de ce monde. Une fois encore, cela illustre l’ampleur de ce phénomène inséparable du fonctionnement ordinaire du système capitaliste. Et pendant ce temps, les inégalités se creusent et on demande toujours aux mêmes de « faire des efforts » !
De l’argent, il y en a...
Après bien d’autres scandales, ce sont donc 336 dirigeants et responsables politiques (et pas des moindres) qui sont pointés du doigt pour avoir utilisé toutes les ficelles possibles, avec l’aide de banquiers, de financiers et d’avocats fiscalistes, pour planquer leur magot et s’enrichir en se soustrayant à l’impôt : 11 300 milliards de dollars est le montant estimé de ces sommes mises à l’abri dans des paradis fiscaux. Les gros fraudeurs du moment — sept présidents, quatre premiers ministres, un ex-dirigeant du FMI et des centaines de responsables politiques — font partie de ceux qui prétendent, la main sur le cœur, lutter contre l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent ou la corruption… tout en nous imposant dès qu’ils le peuvent une cure d’austérité.
La larme à l’œil, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire nous promet une nouvelle fois d’être « intraitable avec ceux qui ont triché avec le fisc français » ; et d’annoncer sans rire la mise en place « d'une task force composée du parquet national financier et de la direction générale des Finances publiques » pour « rechercher les contribuables qui ont triché ». Des mots, toujours des mots... Le Maire promet même « une révolution fiscale » à venir, pour que les multinationales « paient leur juste part d’impôt »... en réalité en étant moins imposées que les PME ! On reconnaît la réalité de leur politique, toujours complaisante avec les grandes entreprises et leurs riches actionnaires.
Pourtant, la fraude et l’évasion fiscales coûtent aux gouvernements du monde entier 427 milliards de dollars chaque année, avec des pays à faibles revenus proportionnellement plus durement touchés.
Augmentez les salaires et tous les revenus !
Pendant la crise sanitaire, le taux de marge des entreprises a augmenté, grâce en particulier aux dizaines de milliards de subventions publiques versées au patronat. Et les patrons du CAC 40 et leurs actionnaires se goinfrent. Ces patrons pourraient ainsi toucher en moyenne une rémunération de 5,3 millions d’euros. Les actionnaires devraient être bien rémunérés : plus de 50 milliards d’euros de dividendes devraient leur être versés en 2021 en France, soit 10 milliards d’euros de plus qu’en 2020 ! Comment peuvent-ils alors nous asséner qu’il manque de l’argent dans les caisses de l’État ? Qu’il faudrait travailler plus longtemps, baisser les pensions de retraite, les allocations chômage, licencier, supprimer des emplois, détruire les services publics, et ne surtout pas augmenter les salaires ?
Outre une baisse de la TVA, à commencer par celle sur les produits de première nécessité, des mesures radicales sont nécessaires, concernant en premier lieu le secteur de l’énergie qui doit être soustrait au privé et aux lois du marché car il s’agit d’un besoin fondamental. Il faut imposer, aussi, et peut-être surtout, une augmentation des salaires, retraites et allocations et, pour que ces gains ne soient pas éphémères, les revenus doivent être indexés sur les prix. Pour les salaires, qu’il serait nécessaire d’augmenter de 400 euros, il faut une vraie revalorisation et non pas de primes ou de défiscalisations, plus ou moins temporaires voire soumises à la bonne volonté des patrons (comme la « prime Macron »), qui n’apportent pas de droits pour la retraite ou si on perd son emploi.
Bref, nous devons imposer une politique qui s’attaque à la toute-puissance des plus riches et à la propriété privée. Le scandale des « Pandora Papers » montre qu’il y a urgence à aller prendre ce qui nous appartient.
Le mardi 12 octobre 2021