AP | 19.10.2008 | 18:35
Les syndicats de l'Education réussissent leur démonstration de force. Des dizaines de milliers de personnes (32.000 selon la police, 80.000 selon les organisateurs) ont défilé dimanche à Paris contre la politique éducative du gouvernement.
Une rencontre intersyndicale est prévue mercredi prochain pour décider des suites. Le SNUIpp (premier syndicat d'instituteurs) propose d'ores et déjà une grève nationale unitaire en novembre.
Partis vers 13h30 de la place d'Italie, les manifestants venus de toute la France et qui répondaient à l'appel de 47 organisations du secteur éducatif, ont défilé sous le soleil jusqu'à la place de la Bastille en passant par le Quartier latin.
"L'Education est notre avenir. Il ne doit pas se décider sans nous", pouvait-on lire sur la banderole en tête du cortège très dense, et parsemé de drapeaux et ballons aux couleurs des différentes organisations à l'origine de cette journée de mobilisation sur fond de revendications très larges.
Les suppressions de postes (11.200 cette année, 13.500 déjà programmées en 2009), les restrictions budgétaires, la suppression progressive de la carte scolaire, des Réseaux d'aide spécialisés aux élèves en difficulté à l'école (RASED), la mise en place du service minimum d'accueil en maternelle et dans les écoles élémentaires, ou encore les conditions de mise en oeuvre des réformes "sans aucune concertation", selon les syndicats, étaient dans la ligne de mire des manifestants.
"L'Education est réellement mise en danger par une politique qui va à l'encontre de l'objectif dont aurait besoin l'école aujourd'hui: un large consensus dépassant les clivages", a déclaré le secrétaire général de l'UNSA-Education Patrick Gonthier, présent en tête du défilé aux côtés des représentants de tous les syndicats de l'Education.
"Face à une telle mobilisation, le gouvernement ne peut pas rester dans l'intransigeance qu'il manifeste, au mépris d'ailleurs de ce qu'il dit sur le dialogue social rénové", a-t-il ajouté.
Enseignants, parents d'élèves, mais également personnels administratifs et techniques étaient présents dans ce cortège.
"Les suppressions de postes, se sont des options qui disparaissent et les effectifs qui augmentent dans les classes. On est face à un démantèlement", a déclaré à l'Associated Press Anne Hollard, membre de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), venue de Saint-Péray en Ardèche.
"Avant, lorsque les élèves étaient trop nombreux, il y avait une ouverture de classe supplémentaire, ce n'est plus le cas. Et on multiplie les vacations pour boucher les trous, avec des enseignants qui sont sur plusieurs établissements", a-t-elle ajouté.
Quelques personnalités politiques de gauche se sont jointes à la manifestation, dont l'ancien ministre socialiste de l'Education Jack Lang et la maire socialiste de Lille Martine Aubry, venue défiler avec les personnels éducatifs de sa ville.
"C'est l'Ecole, l'Education qu'il faut changer. Cette manifestation on l'attendait depuis longtemps car on sait très bien que ce gouvernement ne reculera que s'il y a un mouvement de masse", a déclaré Jack Lang.
Les syndicats de l'Education, qui parlent d'un "succès", ont décidé de se revoir dès mercredi prochain pour décider des suites. "Par cette mobilisation", les manifestants "ont fait entendre leur exigence d'une autre politique pour l'école", a déclaré le Syndicat national des enseignements de second degré (SNES) dans un communiqué diffusé à l'issue de la manifestation.
"Cela passe par la mise en oeuvre d'un ambitieux budget pour 2009 et le refus des réformes imposées avec brutalité et une concertation de façade. Ces réformes creusent les inégalités, décrètent l'abandon de la nécessaire ambition pour tous et remettent en cause le sens même et la nature des métiers de l'enseignement", ajoute le communiqué.
"C'était une mobilisation très dynamique qui témoigne d'un profond mécontentement", a déclaré à l'Associated Press le secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU, première fédération d'enseignants), Gérard Aschieri. "Le gouvernement ne doit surtout pas faire la politique de l'autruche et commettrait une grave erreur en considérant cela comme un simple mouvement de mauvaise humeur". AP