PARIS, 21 fév 2009 (AFP) - A Paris et dans plusieurs villes de métropole, des milliers de personnes ont manifesté samedi leur solidarité "avec les mouvements initiés en Guadeloupe contre la vie chère", à l'appel du collectif "Continuité LKP" soutenu par des syndicats et des partis de gauche.
A Nantes, 700 manifestants ont défilé, une centaine à Strasbourg et quelque 200 à Lyon, Lille, Rennes et Limoges. Environ 500 personnes se sont rassemblées à Marseille comme à Toulouse.
La plus importante manifestation s'est déroulée à Paris où de 10.000 (police) à 30.000 personnes (organisateurs), la plupart d'origine antillaise, ont défilé durant plus de deux heures de la place de la République à celle de la Nation derrière une banderole "Continuité Liyannaj kont Pwofitasyon" (LKP, "collectif contre l'exploitation outrancière"). Plusieurs mètres séparaient le début du cortège des personnalités politiques qui semblaient vouloir rester discrètes. Figuraient notamment, en ordre dispersé, Harlem Désir (PS), Denis Baupin (Verts), Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche), Arlette Laguiller et Nathalie Arthaud (LO), Alain Krivine (NPA), et des membres du PCF et du Parti ouvrier indépendant (POI), suivis des cortèges de la CGT, la CFDT et de Sud. La députée de Guyane, Chritiane Taubira (PRG), était également présente au côté de la comédienne guadeloupéenne Firmine Richard.
"Il faut qu'à la reprise des négociations, le gouvernement apporte des réponses claires et non pas floues sur l'augmentation de 200 euros des salaires et les revendications sur les prix", a déclaré à l'AFP M. Désir. Pour Razzy Hammadi (PS), la "revendication de dignité et de respect" est "universelle. Ce n'est pas une manifestation de Noirs et d'Antillais". Pariant sur l'effet de contagion, tout comme le NPA d'Olivier Besancenot actuellement en Guadeloupe, Mme Arthaud a estimé que "si un mouvement aussi puissant se produisait en métropole, le gouvernement serait forcé de reculer".
Tout au long du défilé souvent rythmé par des percussions, les manifestants ont alterné chants créoles et slogans "plus jamais ça" ou "stop au mépris" avec le poing levé, reprenant en choeur "c'est fini la colonisation". "200 euros ici aussi, yes we can", "la vie est chère sous les cocotiers", "Dom-tom Métropole, doubout!" (debout): de très nombreuses pancartes disparates étaient brandies par les manifestants. Certains portaient un brassard blanc en signe de deuil après la mort du syndicaliste Jacques Bino. Une minute de silence a d'ailleurs été observée, en début de manifestation, alors que des militants de la CGT-impôts tenaient des portraits de cet homme, dont les obsèques ont lieu dimanche.
Beaucoup de manifestants dénonçaient l'emprise des békés (descendants de colons blancs) sur les Antilles. Pour Martine Charles-Angèle, avec sa pancarte "Renfort de France", "l'apartheid, c'est pas qu'une idée aux Antilles". Mais cette enseignante martiniquaise qui vit depuis neuf ans en métropole, réfute les "slogans vengeurs et surtout la violence". Nicolas voudrait que ses deux filles, avec qui il est venu à la manifestation, "ne vivent pas ce que j'ai vécu, cette injustice sociale". "Quand j'étais petit en Guadeloupe, notre voisine était békée, elle nous faisait travailler et ne nous payait pas, c'était normal".
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Par Julie DUCOURAU et Luc OLINGA