Ce sont donc désormais 100 000 militaires russes, équipés d’armes lourdes, qui sont déployés aux frontières de l’Ukraine, déjà partiellement occupée par la Russie. De leur côté, les pays membres de l’OTAN annoncent l’envoi de plusieurs milliers — voire davantage encore — de soldats en Europe de l’Est, qui viennent s’ajouter à ceux qui sont déjà présents. Les États-Unis affirment ainsi avoir déjà placé 8500 militaires en alerte.
Ces bruits de bottes ne doivent pas être pris à la légère et chacunE doit prendre la mesure de ce qui est en train de se dérouler en Ukraine et aux alentours. En effet, ainsi que l’analyse Gilbert Achcar, « ce qui se passe actuellement au cœur du continent européen est le moment le plus dangereux de l’histoire contemporaine et le plus proche d’une troisième guerre mondiale depuis la crise des missiles soviétiques à Cuba en 1962 ».
Avec, d’un côté, une politique d’expansion militaire russe de plus en plus agressive et, de l’autre, les États-Unis et leurs alliés-subordonnés, sous la houlette d’un Joe Biden qui avait déclaré, juste après son intronisation, que « l’Amérique était de retour », assumant une politique impériale décomplexée et arrogante, vis-à-vis notamment de la Russie et de la Chine, il y a de quoi être inquiet. Le jeu de poker menteur entre les grandes puissances pourrait rapidement dégénérer.
Et ce n’est pas Macron, président en exercice de l’Union européenne, avec ses coups de téléphone à Poutine, qui va apaiser les choses. La France, puissance coloniale historique qui maintient sous sa domination directe ou indirecte des territoires et des pays entiers, est en effet partie prenante, bien que dans une position subalterne, de ces rivalités impériales, renforcées par la crise du capitalisme à l’échelle mondiale, qui exacerbe rivalités et tensions.
Une fois de plus, ce sont les peuples, en premier lieu le peule ukrainien, qui trinquent. Face à la dangereuse et criminelle irresponsabilité des dirigeants des grandes puissances, nous faisons nôtres les déclarations de nos camarades du Mouvement socialiste russe : « Dans ces conditions, une position anti-guerre devient nécessaire au niveau international pour toutes les forces de gauche et progressistes. Les gauches russe, ukrainienne, américaines et ouest-européennes doivent exiger de leurs gouvernements une désescalade immédiate ».