Le Mondial de football démarre avec son accumulation de scandales. Les infrastructures ont été construites par des salariés immigrés en semi-esclavage : conditions de travail désastreuses, salaires pas toujours payés, des milliers de morts… Sur le plan écologique, malgré les déclarations, la compétition reste un scandale : des centaines d’avions vont transporter chaque jour les 1,5 à 1,7 million de supporters, les stades climatisés à ciel ouvert libèrent des fluides et consomment de l’énergie pour refroidir les stades à 20°C… Tout cela sans parler du régime du Qatar, une dictature où les droits démocratiques, les droits des LGBTI et des femmes sont bafoués.
Beaucoup d’intérêts en jeu pour les capitalistes
Des voix s’élèvent, y compris dans le monde sportif, pour critiquer cette Coupe du monde. Mais les intérêts en jeu sont immenses. Pour la FIFA, les télévisions, les annonceurs, il faut absolument amener le plus de spectateurs devant les écrans pour maintenir les recettes des droits de retransmission, de la publicité ou des produits dérivés. Elle exerce donc une pression sur les joueurs qui voulaient par exemple, pourtant de façon assez modeste, dénoncer les discriminations en portant un brassard arc-en-ciel.
Pour les États alliés du Qatar, il est impensable de gêner leur partenaire, et la France est au premier plan. Sarkozy a manifestement appuyé la candidature du Qatar en échange de financements personnels. Le rachat du PSG et les centaines de millions dépensés par celui-ci font apparemment partie d’un arrangement global… en plus de la corruption habituelle dans le choix des pays accueillant les coupes du monde ou les jeux Olympiques.
La France au premier rang des magouilles
Une pression est donc exercée, notamment par Macron, pour légitimer cette Coupe du monde. Il prétend que le régime du Qatar va changer… Comme si la Russie ou la Chine avaient changé après les compétitions organisées dans ces pays. On nous demande d’être tolérants avec une culture différente… alors qu’en réalité, ce sont les grandes puissances occidentales qui contribuent à maintenir des dictatures réactionnaires. Ainsi, en 2018, la France a vendu au Qatar pour 2,37 milliards d’euros d’hélicoptères et d’avions Rafale !
Le pouvoir et les médias dominants appellent à se rassembler pour la grande fête du sport. Ils tentent aussi de nous convaincre que nous devrions, pour le plaisir des matchs, oublier les attaques antisociales comme la réforme de l’assurance chômage, le projet d’attaque contre les retraites ou les baisses de salaires.
Ce que nous montre cette compétition, c’est que l’argent existe, mais qu’il est gaspillé ou capté par les capitalistes, et jamais redistribué aux salariéEs… ou aux petits clubs sportifs. Ainsi, la FIFA devrait engranger plusieurs milliards de profits dans l’opération du Mondial.
Et pendant ce temps-là, à la COP 27
Le week-end dernier, la conférence internationale pour le climat a abouti à des résultats indécents. 360 millions de dollars de « pertes et dommages » ont été promis par les pays riches, une goutte d’eau, alors que le coût des destruction liées au chaos climatique est estimé à 580 milliards par an d’ici 2030. Rien n’a été décidé pour limiter les énergies fossiles, les pays pauvres n’en ayant pas les moyens tandis que les pays riches, qui polluent librement la planète depuis au moins 150 ans, s’en désintéressent.
ChacunE choisira de boycotter ou non à titre personnel la Coupe du monde, mais en tout cas, il est clair que politiquement, il faut rejeter cette vision du sport et ces magouilles faites pour engraisser d’immenses entreprises, tout autant qu’il faut reconstruire des mobilisations de masse pour le climat. Des mobilisations qui ne pourront faire l’impasse sur la nécessité d’exproprier tous les groupes capitalistes qui menacent nos vies et la planète chaque jour un peu plus.
Mardi 22 novembre 2022