Publié le Mardi 10 juillet 2012 à 12h16.

NPA, la crise de trop? (20minutes.fr)

 

le 09/07/2012

POLITIQUE - Le parti d'Olivier Besancenot doit réfléchir à son avenir pour rebondir...

C’est la crise au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) depuis ce week-end. Le courant de la «Gauche anticapitaliste» a décidé de quitter le NPA pour rejoindre le Front de gauche. C’est la troisième vague de départ pour ce parti créé en 2009, après la mouvance «Gauche unitaire» en 2009 et «Convergences et alternative» en 2010. Un départ de poids, puisque ce courant pèse 40% de la conférence nationale du NPA et compte parmi ses membres de nombreux quadragénaires, dont Pierre-François Grond, ex-bras droit d’Olivier Besancenot et Myriam Martin, ex-porte-parole du parti. Si la direction minimise et estime que ce n’est qu’une centaine de militants qui quitte le navire, du côté de GA, on parle plutôt de 600 à 700 militants.

Ce départ est loin d’être une surprise et acte plutôt la fin d’un long processus. «Etre là où ça bouge, être là ou ça se passe, être dans le mouvement: ce n’est plus vraiment la culture politique du NPA. Et cela constitue une rupture avec notre histoire», expliquent les signataires dans une tribune publiée sur Mediapart ce lundi.

«Sectarisme» de la direction

C’est en tout cas un coup dur pour une formation qui a revendiqué jusqu’à 9.000 membres à sa création en 2009 lorsqu’il voulait être un «parti de masse» et souhaitait être une alternative à la gauche socialiste et qui ne compte désormais que… 3.000 membres. «Le NPA s'est voulu une formation de type nouveau, en phase avec le 21e siècle et en rupture avec les traditions politiques du 20e siècle. Philosophiquement, il a raté sa mue et n'a pas réussi à incarner un renouveau idéologique à l'extrême gauche», constate Christophe Bourseiller, maître de conférence à Sciences Po et spécialiste de l’extrême gauche et auteur de L’extrémisme*.

En fait, le NPA n’a jamais tranché entre ceux qui «voulaient dépasser la forme parti et s'inscrire dans un renouveau global à gauche de la gauche» et  «ceux qui s'arrimaient à l'orthodoxie trotskiste en s'engageant dans une stratégie de rupture et d'isolation» héritée de la LCR, ajoute Christophe Bourseiller. Et ce sont plutôt ces derniers qui sont en train de l’emporter dans un parti qui avait fait souffler un vent nouveau à l’extrême gauche à sa création. «Le NPA apparaît actuellement comme un petit groupe ultra-gauchiste, dominé par un certain sectarisme», tranche encore le spécialiste de l’extrême gauche.

Problèmes de trésorerie

Surtout, le parti pâtit de la concurrence du Front de gauche, portée par le bagout de Jean-Luc Mélenchon, notamment à la présidentielle et qui a adopté une stratégie unitaire repoussée par la direction du NPA. Evidemment, au NPA, l’analyse est différente. «Il y a des camarades qui pensent que de l'intérieur, ils vont pouvoir peser (sur) le Front de gauche... Ce n'est pas notre choix. Pour nous, il y a des positionnements politiques importants différents, même si ce ne sont pas nos adversaires», a expliqué Olivier Besancenot lundi matin sur France inter. «Au NPA, on est dans l'opposition, on n'est pas dans le ni-ni» comme le Front de gauche qui entretient une «position d'équilibriste» en ne participant pas au gouvernement socialiste sans se considérer pour autant dans l'opposition, a-t-il souligné. «Si le Front de Gauche se maintient et se pérennise, on voit mal comment le NPA pourrait occuper à ses côtés un espace autre que groupusculaire», juge pourtant Christophe Bourseiller.

D’autant que le parti a perdu à l’occasion des désastreuses législatives une bonne part de sa dotation publique: le parti touchait 900.000 euros par an entre 2007 et 2012 et n’aura, pour la prochaine législature, droit à aucun fonds. Difficile dans ces conditions de rebondir sereinement. Ce sera pourtant l’enjeu du prochain congrès qui doit se dérouler à l’automne. Olivier Besancenot, qui avait souhaité prendre du champ avec les responsabilités politiques, doit-il replonger? «Plus que d’un sauveur, le NPA a besoin d’idées neuves», juge encore le spécialiste de l’extrême gauche.

*: aux éditions du CNRS

 Maud Pierron